Ceci est un produit en voie de disparition. Vin rouge, date de disparition : 31 décembre 2049. Qui aurait cru qu’on n’en aurait plus ? » indique sur Twitter le compte de campagne du candidat Yannick Jadot (Europe Écologie les Verts), annonçant une « diminution de 68 % de la production selon Sun’R ». Cette publication de la campagne #produitenvoiededisparition (évoquant également les bières, le chocolat…) repose sur un chiffre repris en page 5 d’une brochure de 2018 de la start-up en agrivoltaïsme Sun’Agri (« agriculture et photovoltaïque réconciliés »). Cette publication se base sur une étude américaine de 2013, publiée par la revue scientifique américaine Proceedings of the National Academy of Sciences (ou PNAS), qui conclut que « les superficies propices à la viticulture diminueront de 25 à 73 % dans les principales régions viticoles d'ici 2050 (selon les scénarios les plus pessimistes du changement climatique) et de 19 à 62 % (pour les scénarios plus optimistes ». Des résultats critiqués à l’époque par une étude française (soulignant que les résultats étaient théoriques et ne prenaient pas en compte les capacités d’adaptations culturales), mais réaffirmés depuis par la revue PNAS, indiquant en 2020 que plus de la moitié des régions viticoles actuelles pourraient disparaître avec un réchauffement de 2 degrés, objectif de l'accord de Paris, et jusqu'à 85 % avec un réchauffement de 4 degrés.
Dans tous les cas, ces chiffres sont alarmants et reposent sur des modélisations climatiques dans l’hypothèse où il n’y a aucun changement des pratiques indique à Vitisphere l’eurodéputé écologiste Benoît Biteau (Charente-Maritime). « Si rien n’évolue, il arrivera des choses désagréables pour le vignoble, et pas seulement en quantité, il y a aussi des travaux de l’INRA sur des modifications de la structure des vins (équilibre acide/sucre) et donc sur la typicité des vins » souligne l’éleveur saintongeais, pour qui dans une campagne électorale, il s’agit d’un appel à ne pas rester inactif. « Le candidat Yannick Jadot propose d’accompagner les filières dans leurs adaptations au changement climatique. Une partie du changement climatique est déjà irréversible. Au cœur du programme de Yannick Jadot il y a l’atténuation et l’adaptation » souligne Benoît Biteau.


Face aux craintes, et critiques, répétées de vignerons estimant qu’une politique écologiste serait punitive pour la production nationale, le parlementaire répond que « le principal débouché de la viticulture ce n’est plus le vin populaire, consommé quotidiennement. L’avenir des produits viticoles est une consommation festive [plus exceptionnelle] : dans ce marché on a des consommateurs exigeants. Il faut intégrer ces demandes nouvelles, comme sur les résidus de pesticides » note l’eurodéputé, qui soutient notamment la militante Valérie Murat dans son affaire judiciaire contre les vins de Bordeaux. Pour Benoît Biteau, le projet du candidat Yannick Jadot est d’accompagner les transitions, face au changement climatique et à la transition agroécologique. Proposant un paiements des services écosystémiques pour les services rendus par les agriculteurs, le programme du candidat écologiste se résume, pour le député européen, à savoir si l’on continue de parler des pratiques d’hier ou si l’on anticipe celles de demain.
Y compris en parlant du vignoble d’après-demain avec les données d’avant-hier.
En complément, l'équipe de campagne de Yannick Jadot précise à Vitisphere que "la filière viticole, en France, revêt une importance toute particulière : notre pays est le premier exportateur mondial de vins, deuxième producteur et troisième pour ce qui concerne le vin bio. C’est aussi une production particulièrement sensible aux aléas et au changement du climat. Nous souhaitons garantir aux viticulteurs et viticultrices de pouvoir vivre dignement de leur travail et en bonne santé. Il est essentiel que cette activité puisse perdurer sur le long terme en étant respectueuses du climat et du vivant. Nous voulons diviser par deux l’usage des engrais et des pesticides de synthèse d’ici 2027 et demanderons la suppression des pesticides de synthèse en Europe en 2030. Nous réviserons également la loi sur l’assurance récolte qui livre les agricultrices et agriculteurs aux assurances privés face aux conséquences du changement climatique, afin de rétablir et améliorer un dispositif public mutualisé des calamités agricoles."