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20 € par mètre de vigne protégée du mildiou et du gel pour Viti-tunnel
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20 € par mètre de vigne protégée du mildiou et du gel pour Viti-tunnel

En plus de montrer son efficacité sur le mildiou, Viti-tunnel protège du gel tardif. Avec un coût proche de 20 € du mètre, seules les très bonnes valorisations de vin amortissent vite l’investissement.
Par Vincent Gobert Le 11 mars 2022
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20 € par mètre de vigne protégée du mildiou et du gel pour Viti-tunnel
Aperçu du dispositif Vititunnel sur le vignoble du château Cheval Blanc. - crédit photo : Alexandre Abellan (archives 2020)
C
’est ce qu’on pourrait appeler la lumière au bout du tunnel. Lors de la première journée des Rencontres Viticoles d’Aquitaine qui s’est tenue ce 9 mars au lycée agricole de Blanquefort (33), l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), la société MO.DEL – proposant l'outil Viti-tunnel, et un groupe de lycéens très ingénieux, ont dévoilé les conditions de réussite agronomiques et économiques de ce système, qui se révèle multi-protecteur.
Les avantages peuvent être très nombreux. Pendant deux ans, il a été constaté une excellente protection contre le mildiou, et aussi contre le gel. Revers de la médaille, seules les meilleures valorisations de bouteille - plus de 20 à 30 € - y trouveront leur compte. La présentation a aussi éclairé les dizaines d’auditeurs sur quelques faiblesses : certains passages de machine impossibles, une main d’Å“uvre plus élevée, plus d’efforts de communication.
Couvrir la vigne pour mieux la protéger
Tel est le titre de la présentation ce 9 mars dans l’un des amphithéâtres du lycée agricole de Blanquefort, au nord de Bordeaux. Après quelques enseignements déjà connus du Viti-tunnel, des étudiants entrent en piste sur la musique du JT de 20h de TF1. Ils sont 7 sur scène pour détailler de façon originale de nouveaux éléments. Chacun joue un rôle. De la propriétaire du château Dillon au banquier, en passant par une riveraine et un militant écologiste, tout y est ! Ils ont passé au crible tous les aspects des résultats des expérimentations du Viti-tunnel sur 10 domaines. Ils font ce jour-là une synthèse en se focalisant sur le château Dillon. 
 
 
Premier enseignement, et non des moindres, une comptabilité du système de protection révèle que Viti-tunnel, dans sa double fonction de protection contre le gel et contre le mildiou (voir ci-dessous), ne sera pas destiné – en tous cas dans un premier temps – au commun des viticulteurs. Les étudiants ont calculé un retour sur investissement de 10 ans en parcelle de rouge du château Dillon, contre 28 ans en parcelle de blanc. La valorisation de la bouteille, le prix va du simple au double entre blanc (6 € HT) et rouge (14 € HT), joue énormément dans la rentabilité de cet investissement.
Cela alors que le coût de production est deux fois plus élevé en rouge (8 € HT) qu’en blanc, et que le rendement est aussi moindre (45 hl/ha rouge contre 50 hl/ha blanc). Les parties prenantes du projet admettent ainsi que le modèle actuel du Viti-tunnel convient au domaine, dès lors qu’on vend des bouteilles de plus de 20 €. Autrement dit, « Viti-tunnel n’est pas une solution miracle pour tous les viticulteurs ». IFV et MO.DEL précisent même que « c’est une solution pour certains, ponctuelle, pas sur tout le vignoble. C’est un levier parmi d’autres, une solution de rupture ». Notamment pour les secteurs sensibles au mildiou, gélifs, ou encore pour les Zones de Non Traitement (ZNT).
Viti-tunnel a protégé contre un gel tardif de -2,5 °C
Les 7 et 8 avril 2021 au château Dillon, la température a atteint -2,5 °C.  Une consigne avait été donnée de déployer le système lorsque la température descendait sous la barre des 4,5 °C. Les bourgeons débourrés gelés et le nombre de grappe ont été comptés et le poids de vendange a été mesuré. Le résultat est sans appel : hors Viti-tunnel, 77 % des ceps présentent au moins un bourgeon débourré gelé, contre 7 % sous le Viti-tunnel bâche 2 – plus perméable et respirante –,  et 0 % sous le Viti-tunnel bâche 1. On retrouve l’effet sur le gel à la récolte. Plus de grappes ont été comptées sous Viti-tunnel, avec un poids plus important. Mais il est impossible pour le moment de prédire jusqu’à quelle température Viti-tunnel protège les ceps.
Le mécanisme de protection contre le gel tardif est lui aussi inconnu. En effet, de l’aveu des concepteurs, la même température a été trouvé dans la mesure de l’air situé sous les bâches : -2,5 °C. Une hypothèse est que les bâches ont pu protéger les bourgeons au lever du soleil et après, lorsqu’ailleurs on peut observer que ce dernier grille les bourgeons au dégel. En seconde hypothèse, il est admis qu’il faudrait aussi mesurer la température de surface pour connaitre l’effet radiatif.
Absence totale de traitement mildiou
Un bilan du réseau de notations durant 2 ans (2020 – 2021) dans les 10 châteaux a été montré ce 9 mars à Blanquefort. Chaque fois, 3 rangs surmontés du Viti-tunnel ne recevaient aucune protection anti-mildiou. Résultat : le niveau de protection s’est révélé identique à celui des traitements par les différents châteaux dans la majorité des notations, que ce soit en fréquence ou en intensité. Il a même été meilleur avec le Viti-tunnel pour troid sites en 2020 et aussi en 2021. Il n’a été noté moins bon que pour un site en 2020 en raison d’un dysfonctionnement du système en début de saison, ainsi qu’en 2021 sur un autre site en raison d’une consigne différente d’utilisation, notamment sur le type et la quantité de goutte de pluie détecté avant de déclencher la couverture des rangs.
Aucune conclusion n’a pu être avancée sur la protection contre le black-rot car les sites choisis n’y étaient pas spécialement sensibles. Il n’a pas pu être démontré d’effet non plus sur la coulure. Enfin aucune incidence n’a été relevée sur les micro vinifications. Par contre, les élèves de Blanquefort font valoir pour le château Dillon une vigueur plus importante sous Viti-tunnel, de meilleurs bois, un rendement légèrement supérieur, un poids de grappe supérieur, une meilleure mise en réserve, des sucres et des flavanols plus élevés. En bref, une meilleure matière première. In fine, de nouvelles parts de marché pourraient être décrochées.
Plus de travail manuel avec Viti-tunnel
Au cours de leur « débat télévisé », les élèves ont aussi précisé que le travail mécanique était considérablement diminué. Outre la pulvérisation et le travail du sol, plus rien ne passe dans les inter-rangs d’1,3 m avec la structure du Viti-tunnel. La vendange a dû être réalisée à la main. Il n’y a eu ni rognage, ni effeuillage. Le relevage est rendu compliqué. Et des fils du palissage ont sauté. Le besoin en main d’Å“uvre peut potentiellement exploser si les linéaires protégés sont importants. Le coût associé également. Face à cette analyse, MO.DEL réfléchit au développement d’une armature plus souple et prenant moins de place.
Dans leur bilan, dans l’hypothèse où Viti-tunnel serait bel et bien efficace pour des gels tarifs plus ou moins sévères, les élèves calculent pour le château Dillon une économie d’assurance récolte de 625 €/ha, soit 6562 € au total pour la zone gélive d’un peu plus de 10 ha. Mais les étudiants avertissent que le vigneron s’expose à un autre risque, celui des « dangers extérieurs » comme la casse ou le vol de matériel, qu’il faudra assurer !
Débat sur la durabilité de Viti-tunnel
D’autres questions se posent encore et les élèves ont ouvert le débat sur la consommation d’électricité d’un tel système. MO.DEL précise qu’en plus d’avoir passé l’alimentation de 220 à 24 volts, ils planchent sur une alimentation solaire. En outre, l’appui d’une OAD associée à une application smartphone est évoqué pour éviter de systématiser le déclenchement des Viti-tunnels à la moindre goutte. Le vigneron devrait avoir plus la main. 
Le recyclage des matériaux est aussi pointé du doigt. La durée de vie des bâches est donnée pour 10 ans, le moteur électrique pour 12 à 15 ans, et l’armature métallique pour 20 ans voire plus. En revanche, toujours sur le plan environnemental, les élèves de Blanquefort mettent au crédit du Viti-tunnel la diminution du nombre de passages, notamment phytosanitaires, et le moindre tassement du sol induit. 
« L’Å“notourisme est compatible avec Viti-tunnel », nous disent les étudiants. Non seulement parce que la plupart du temps, le système est replié. Mais aussi parce que dans les pays du Sud où de tels systèmes sont en place, plutôt contre la grêle, ce n’est pas un obstacle. La communication est essentielle. De même qu’avec les riverains qui trouveraient le paysage changé. « Il faudra tout de même en passer par des études paysagères » pour l’équipe de MO.DEL.
Suspense sur les cahiers des charges d’appelation
Quid des appellations et de l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) ? On ne sait pas encore dire s’il y a un quelconque effet parapluie ou serre du Viti-tunnel. Il existe peut-être une perturbation du microclimat de la plante ou de l’effet terroir. « Des études sont en cours » répond un responsable de MO.DEL. Car en moyenne, ce sont presque 13 journées par an qui voient le Viti-tunnel déployé. « La question reste très ouverte par rapport aux cahiers des charges, précise-t-il. Il y a des chances de trouver des Viti-tunnels dans nos vignobles d’appellation ». L’espoir, telle la lumière, est au bout du tunnel. 
 

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