lors que les estimations faites au début des vendanges ne laissaient entrevoir qu’un peu plus de 8 millions d'hectolitres dans le bassin Languedoc-Roussillon, les chiffres officiels de ce début 2022 annoncent 9,5 millions hl, soit -25 % de récolte par rapport au millésime 2020.
« Début septembre, la perspective de -40 % de récolte annonçait des difficultés d’approvisionnement, les opérateurs de négoce ont donc anticipé et constitué des réserves après l’épisode de gel. De la même façon, un volant de contractualisation d’avance sur les IGP pays d’Oc, permettra de faire la jonction entre les deux millésimes sans trop de tension », avance Florence Barthès, directrice générale d’InterOc.
L’interprofession note que la production a opéré un choix en faveur des volumes d’IGP, « qui lissera d’éventuels soucis de disponibilité en IGP Oc », glisse la directrice d’InterOc.
Les vins de cépage blancs, chardonnay en premier lieu, devraient néanmoins être concernés par des tensions d’approvisionnement à cause du gel. « L’augmentation des prix est indéniable pour les Oc blancs, les chardonnay se négociant de 135 à 150 €/hl selon les profils, contre 100 €/hl pour les 2020. Une telle hausse est également constatée pour les vins de pinot noir, eux aussi touchés par le gel », analyse Louis Servat, président du syndicat régional des courtiers en vins et spiritueux du Languedoc-Roussillon.
Les cours des cépages rouges restent stables, « avec une hausse de 5 à 10 €/hl pour les très belles qualités, mais le gros du marché se fixera certainement entre 85 et 90 €/hl », ajoute Louis Servat. Le courtier s’attendait également à un impact sur les cours des AOP mais « rien ne vient pour l’instant ».
Le marché export maintient son activité, mais celui de la grande distribution (GD) française est plus attentiste. « Les demandes sur les AOP sont faibles. Les offres sur le vrac se maintiennent timidement. Si les retiraisons se font normalement, la situation pourra s’améliorer, mais les engagements restent très frileux de la part d’opérateurs impliqués dans la GD », valide Louis Servat.
Ces observations sont confirmées par les enregistrements de contrats de l’interprofession. Le Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL) chiffre 67 000 hl d’AOP Languedoc du millésime 2021 déjà contractualisés, très majoritairement en rosés (60 000 hl).
La production s’attendait à un effet de levier sur les prix de ces derniers, mais ils se négocient pour l’heure au même niveau que lors de la campagne précédente, entre 130 et 135€/hl. Le négoce vante cette stabilité des prix quand la production la juge insuffisante au regard des efforts réalisés pour fournir des volumes dans cette couleur. « Nous sommes déçus, car nous attendions au moins une hausse de 5 €/hl pour les rosés AOP en cette année de faible récolte. Néanmoins, le négoce doit maintenir ses positions sur les marchés alors que toutes les matières premières sont plus chères, et ce sont les fournisseurs de vrac qui en pâtissent », explique Ludovic Roux, président des vignerons coopérateurs d’Occitanie.
« La qualité des rosés est pourtant au rendez-vous, alors qu’il y a eu plus de difficultés sur les rouges, marqués par des décalages de maturité », juge Louis Servat. Pour lui, la stagnation tarifaire des rosés se place dans un contexte de manque de visibilité sur l’activité : pandémie, ouverture des lieux de consommation, tourisme… « La production a fait des rosés, mais il reste des stocks de 2020 et les acheteurs patientent pour savoir si le marché, notamment la GD, sera en mesure d’absorber ces volumes », poursuit-il.
Le prix moyen des AOP Languedoc rouges 2021 a dépassé les 160 €/hl, mais seuls 5 000 hl ont été contractualisés, indique le CIVL. La contractualisation de vins bio ne représente que 4 % des volumes de l’appellation Languedoc.