ans le Beaujolais, les chiffres commerciaux présentés sont encourageants lors de l'assemblée générale de l'interprofession (Inter Beaujolais). En volume comme en valeur, les ventes de vins, toutes appellations confondues, sont en hausse sur tous les segments de marché. Les exportations des douze derniers mois surpassent celles des deux campagnes précédentes, « avec un rythme de croissance phénoménal vers les Etats-Unis » souligne Philippe Bardet, vice-président de l’interprofession. Les ventes en grande distribution affichent la troisième meilleure progression des AOC françaises, derrière les vins d’Alsace et de Bourgogne. D’août à juin 2021, e cumul de toutes les sorties à la propriété atteignent 639 300 hectolitres, faisant de la campagne actuelle la plus performante des cinq dernières années. Enfin, « toute la presse parle bien de nous » se félicite le président de l’interprofession, Daniel Bulliat. Déclarant que « l’optimisme est de rigueur », il exhorte les professionnels à « retrouver la confiance ». Une confiance nécessaire pour inverser la tendance qui voit le vignoble beaujolais se réduire comme peau de chagrin.
Son prédécesseur, Dominique Piron, au moment de passer la main en janvier 2021, soulignait déjà cette délicate équation : « nous continuons à arracher par manque de valorisation, tout en sachant pertinemment que nous allons manquer de vin ». La feuille de route concoctée par le nouveau conseil d’administration d’Inter Beaujolais place la barre assez haut. « Le vignoble Beaujolais doit atteindre 15 000 hectares et produire 600 à 750 000 hl à la fin de notre mandature : c’est un objectif majeur sous peine de perdre nos référencements dans les linéaires, chez les cavistes et à l’export » lance Philippe Bardet. Un défi de taille, pour ce vignoble qui couvrait à peine 14 500 ha en 2020, et dont 250 ha sont arrachés chaque année.
Premier axe de travail : arrêter de perdre des hommes et des hectares. « La moitié des exploitations est à transmettre dans les dix ans » souligne Marc Robin, chargé de mission à la chambre d’agriculture du Rhône. Il rappelle au passage l’enjeu pour l’économie des territoires : « un viticulteur génère sept emplois ». Une enquête sera diligentée auprès des 800 vignerons de plus de 50 ans afin d’identifier et accompagner une centaine d’entre eux dans la transmission de leur exploitation. Dans le même temps, les jeunes et porteurs de projet seront accompagnés dans leur parcours d’installation. « On va aussi travailler à augmenter l’offre en bâtiments en sensibilisant les élus et en proposant des solutions de bâtiments mutualisés : cuvages partagés, hameaux viticole… » poursuit Marc Robin. Des pépinières d’entreprises viticoles sont également en projet.
Mais la réduction des surfaces plantées n’est pas la seule menace pour le vignoble. « Nos volumes de production sont aussi impactés par les aléas climatiques » souligne Daniel Bulliat. C’est pourquoi la feuille de route prend le changement climatique à bras le corps. Côté adaptation, plusieurs expérimentations sont pilotées par le centre de recherche Sicarex Beaujolais, portant notamment sur l’irrigation, le matériel génétique et les modes de conduite (diminution de haies foliaires, filets d’ombrage, etc.) Côté atténuation, l’accent est mis sur le stockage de carbone dans le sol – d’autant que cette mesure a également un intérêt agronomique.