n baisse de 4,5 %, le chiffre d’affaires en 2020 des 171 exploitations suivies par le CerFrance Rhône s'est dégradé (à 173 000 € en moyenne, contre 181 000 € en 2019). Ces domaines ont dégagé cette année 4 000 € de revenu en moins par actif. Le principal coupable n’est pas la crise covid, mais la récolte médiocre. « Les rendements ont chuté de 57 hl/ha à 41 hl/ha, pointe Damien Raffin, responsable du service conseil stratégique. Les charges étant moins diluées dans les produits, le prix d’équilibre à atteindre pour couvrir toutes les charges est passé à 280 €/hl, au lieu de 213 €/hl en 2019. »
Sur les cinq dernières années, la corrélation négative entre le rendement et le prix d’équilibre est claire. « Il y a un effet millésime important, mais certaines exploitations parviennent à s’en affranchir », note Damien Raffin. En effet, bonnes ou mauvaises années, les 25 % d’exploitations les plus performantes affichent une progression constante de leurs résultats. Avec un chiffre d’affaires à peine supérieur au reste du groupe, elles dégagent deux fois plus de revenu par actif. Ce qui s’explique en grande partie par une meilleure maîtrise des charges (avec un écart à la moyenne de 65 €/hl. A l’autre bout, le quart le moins performant se trouve chaque année dans l’incapacité de rémunérer sa main d’œuvre à 1,5 Smic.
Et la crise sanitaire ? Elle n’a pas impacté la vente de bouteilles, qui s’affiche même en hausse – en volume comme en prix. « Ceux qui vendaient aux particuliers et cavistes s’en sont sortis mieux que les autres » note Audrey Dechannes, conseillère au CerFrance, citant l’exemple d’un viticulteur ayant monté un drive avec des collègues. Malgré le temps et l’énergie dépensés pour s’adapter au confinement, et la perte économique pour certains, elle observe « quelques effets positifs » comme la création de nouveaux liens avec la clientèle.
Ce n’est pas la crise sanitaire qui inquiète Damien Raffin. « Les aléas de rendement font émerger deux enjeux : l’adaptation au changement climatique et le renouvellement du vignoble. Il serait temps d’investir massivement dans le vignoble pour retrouver une sérénité de production. »