n Chine, les grandes entreprises, notamment celles qui élaborent du vin, dominent la commercialisation sur le marché intérieur. Tandis que l'ensemble du secteur chinois des boissons a bénéficié de manière significative d’un rebond économique à partir du second semestre 2020, grâce notamment aux producteurs de Baijiu, le secteur du vin peine encore à se relever face à une demande encore timide, un manque de liquidités et un phénomène de surstockage.
Selon les dernières données publiées par l'organisme officiel de réglementation des boissons, l'Association chinoise des boissons alcoolisées (CADA), la Chine totalisait 1 887 entreprises productrices de boissons alcoolisées de grande envergure en 2020. Leur chiffre d'affaires a augmenté de 1,36 % et leurs bénéfices ont bondi de 11,71 % pour passer à 179,2 milliards de RMB (soit 22,7 milliards d’euros) par rapport à l'année précédente et ce, malgré la pandémie. Les principaux producteurs de Baijiu, au nombre de 1 040, ont fait progresser de 13,35 % leurs bénéfices l'année dernière, pour atteindre 158,5 milliards de RMB (20,3 md d’euros) ce qui les place en tête du secteur chinois des boissons alcooliques.
Les performances des établissements vinicoles nationaux se sont effondrées malgré les mesures prises par les autorités pour encourager les consommateurs chinois à délaisser les vins importés au profit des vins domestiques. Parmi les 130 grandes entreprises vinicoles en Chine, la production de vin a baissé de 6 % en volume et les ventes ont chuté de 29,82 % pour passer à 10 milliards de RMB (1,3 md €). Selon les données de la CADA, les bénéfices globaux ont chuté de 74,48 % pour ne plus dépasser 249 millions RMB (31,6 millions €). Il s'agit de la plus forte baisse parmi toutes les catégories de boissons répertoriées par la CADA, ce qui indique que le secteur vitivinicole chinois est loin d’être revenu à la normale. Il faut dire que depuis des années les principaux établissements vinicoles du pays affichent des bénéfices en berne. Une tendance que la campagne visant à encourager les Chinois à boire du vin local l’année dernière n'est pas parvenu à inverser. Cela, malgré le fait que les produits importés plébiscités par les Chinois – les vins australiens – n’étaient plus de la partie.
Interrogée par Vino Joy News, Annie Lin, vice-présidente de la société Banniere Yunjiu E-Commerence de Chongqing, a affirmé que les résultats mitigés affichés par les entreprises vinicoles chinoises n'étaient pas nécessairement imputables à la demande globale sur le marché du vin, notamment le vin importé. Banniere Yunjiu possède la plateforme de commerce électronique Vinehoo.com, l’enseigne Banniere et le portail média spécialisé Vinehoo. Concomitamment avec la baisse des ventes enregistrée par les grands producteurs volumiques tels que Changyu Pioneer Wine Company, GreatWall et Weilong, il s’est opéré une augmentation de l’offre des cuvées plus confidentielles et autres marques privées, qui s’imposent de plus en plus en Chine. De son côté, Annie Lin regrette que le faible rapport qualité-prix des vins chinois ait pu entraîner une désaffection parmi les consommateurs, d’où la baisse des ventes. « Le prix des vins chinois reste élevé. Ceux qui ont acheté du vin pour la première fois ont pu être motivés par un sentiment de curiosité ou de patriotisme, mais qu'en est-il du rapport qualité-prix ? »
Les vins rouges chinois de milieu de gamme issus de Ningxia, région viticole vedette de Chine, se vendent en moyenne à 300 RMB la bouteille (soit environ 38 €), tandis que les vins fins élaborés par Lafite à Shangdong et par LVMH à Ao Yun dépassent même 2 000 RMB la bouteille (256 €). Contrairement aux régions viticoles européennes, comme la France, où les vignobles sont souvent hérités d’une génération à l’autre, en Chine les entreprises vinicoles constituent avant tout des investissements alternatifs. En raison de la limite imposée par la Chine aux droits d'utilisation des terres, les propriétaires d'établissements vinicoles sont tenus de réaliser des bénéfices dans un délai très court, explique Annie Lin. Toutefois, face à la concurrence féroce exercée par d'autres catégories de boissons et à la pandémie en 2020, de nombreuses entreprises chinoises récentes ont servi principalement de lieux d'accueil et d’hébergement touristiques.