Monsieur le Président de la République, […] vous avez annoncé une meilleure visibilité des informations à destination des consommateurs d'alcool. C'est pourquoi nous vous faisons part de nos propositions » indique une lettre ouverte de la Fédération Française d’Addictologie (ex-Anpaa). Pour diminuer la consommation d’alcool, les associations antialcool* demandent notamment d’apposer sur les étiquettes des bouteilles vins, bières et spiritueux « l’indication de l'apport calorique et de la teneur en sucre […] et l’apposition d’un Nutri-Score spécifique, car le surpoids et l'obésité sont des facteurs défavorables » (sachant que « ces informations figurent déjà pour une partie des bières »).
La lettre ouverte souhaite imposer « l’indication du nombre d'unités d'alcool (verres standard) par contenant afin que chacun puisse évaluer sa consommation au regard des repères préconisés par Santé publique France et l'Institut National du Cancer ». Les associations hygiénistes souhaitent également « la suppression de la mention "à consommer avec modération" que l'ensemble des experts considèrent comme trompeuse, floue (contrairement aux repères chiffrés de consommation) et qui ne correspond à aucune obligation légale ». N’ayant pas abouti au ministère de la Santé, l’agrandissement du logo femme enceinte est également demandé à Emmanuel Macron par les signataires.


Annoncé par Emmanuel Macron ce 4 février, journée mondiale de lutte contre les cancers, le projet de donner « des repères, à la fois plus visibles et plus lisibles, aux consommateurs sur chaque produit » ne tend pas à la volonté politique « d’aller vers le zéro alcool, mais bien de prévenir les excès et de mieux aider ceux qui sont dans une forme de dépendance à en sortir » explique le président. Qui soulignait en même temps que « l’alcool est un facteur de risque, à l’origine d’un cinquième des cancers évitables » et que les alcools français « appartiennent à notre art de vivre, notre sociabilité ».
Cet étiquetage des repères de consommation « peut faire partie des axes de prévention, mais nous, parlementaires, veillerons à ce que ce travail se fasse en concertation avec la filière, en temps et en heure » précisait alors la députée de la majorité, Marie-Christine Verdier-Jouclas (Tarn). La co-présidente du groupe d’étude vigne et vin de l’Assemblée Nationale rappelant que « vous ne trouverez pas un vigneron qui ne soit pas opposé au cancer et l’alcoolisme », mais que la politique de santé publique doit être préventive et pas punitive.


Annonçant que « ces propositions sont basées sur l'état des connaissances scientifiques et font consensus parmi les acteurs de santé », les associations antialcool « se déclarent prêts à une concertation le plus rapidement possible sur ce thème » annonce un communiqué. Les signataires demandent également « un encadrement de la publicité sur les services de médias audiovisuels, en particulier sur les réseaux sociaux qui sont les médias de prédilection des plus jeunes » et une « action sur les prix auxquels les jeunes sont sensibles. Cela passe par un encadrement des promotions sur les boissons alcooliques, et un prix minimum dont la mise en place en Ecosse a démontré l'efficacité. »
* : Courrier également signé par les représentants de France Patients Experts Addictions, de la Ligue contre le Cancer, du Collectif de proches de malades alcooliques, d’Avenir Santé Jeunes, de la Société Française d’Alcoologie, de la Fédération Nationale des Amis de la Santé….