Si Agnès Buzyn le veut, [la ministre de la Santé] peut prendre un décret dans l’été agrandissant le logo femme enceinte [sur les étiquettes des bouteilles de vin]. Et ce unilatéralement, sans accord avec la filière. Mais la volonté du ministère de la Santé n’est pas qu’un arrêté se fasse sans compromis » rapporte la députée de la majorité Marie-Christine Verdier Jouclas, qui préside le groupe d’étude vin à l’Assemblée Nationale, et résume ainsi la réunion de travail qui s’est tenue en petit comité au ministère de la Santé ce 23 juillet*. « N’agitons pas de chiffon rouge, cette attitude positive est à saluer. Rien n’est arrêté, les négociations continuent » pose la députée du Tarn. Soulignant qu’un rendez-vous est désormais prévu entre le ministère de la Santé et les représentants de la filière vin à la rentrée (idéalement après les vendanges).
Lors de cette rencontre, les représentants de la production et du négoce pourront réagir aux dernières propositions d’Agnès Buzyn : 1,4 centimètre de taille minimale pour le logo femme enceinte, dont le cercle barré serait obligatoirement de couleur rouge. « La filière ne s’oppose pas au logo. Mais au-delà d’un centimètre cela devient problématique pour les petites étiquettes et il faut envisager d’avoir une taille en rapport. Si l’étiquette est monochrome, l’ajout d’une couleur entraîne un surcoût, mais il est possible d’envisager un dégradé de noir. En matière de prévention, on sait que le logo n’est pas l’outil le plus pertinent » rapporte la sénatrice de l’opposition Nathalie Delattre, la coprésidente de l’Association Nationale des Elus de la Vigne et du Vin (ANEV). Qui souligne que la mise en place de nouvelles règles sur le pictogramme femme enceinte ne seraient pas effectives avant 2020 ou 2021.


« C’est très bien d’avoir un point de rendez-vous, même si cela ne veut pas dire qu’il y aura une co-construction. Et à un moment il faut clore cette discussion et la mettre en perspective avec beaucoup d’autres » souligne l’élue et vigneronne girondine. Soulignant que la filière vin est « la profession la plus harcelée de France », Nathalie Delattre demande une table ronde avec les six ministères « qui nous bombardent chacun de leur côté d’arrêtés toutes les semaines » (Agriculture, Santé, Economie, Douanes, Transition écologiques et Travail). Une telle rencontre croisée ayant pour objectif de mettre à plat les exigences de chacun, afin de mieux les répartir dans le temps.
En matière de prévention, la filière va d’ailleurs montrer sa bonne volonté à la rentrée, avec la campagne de Vin et Société « pas d’alcool pendant la grossesse ».
* : En présence d’un membre du ministère de l’Agriculture, qui n’a pas souhaité commenter. Comme le ministère de la Santé.