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Quand la conversion bio s’accompagne d’une diminution des temps de travaux
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345 contre 408 h/ha
Quand la conversion bio s’accompagne d’une diminution des temps de travaux

A Saint-Emilion, Victor Moreaud a fait ses comptes. Depuis sa première année de conversion bio en 2018, travailler un hectare de vigne lui demande 63 heures en moins. Il a mécanisé l’effeuillage et trouvé les bonnes combinaisons d’outils.
Par Marion Bazireau Le 08 février 2021
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Quand la conversion bio s’accompagne d’une diminution des temps de travaux
«

Nous sommes lancés dans la conversion bio en août 2018. A l’époque, j’avais peur de ne plus dormir la nuit et de bosser tous les weekends » se souvient Victor Moreaud, au Château Cormeil-Figeac, un domaine de 25 hectares à Saint-Emilion.

Le viticulteur a astucieusement modifié son itinéraire technique pour ne pas se laisser dépasser. « J’ai d’abord changé ma façon d’aborder les travaux en vert. Je ne raisonne plus d’un point de vue qualitatif mais prophylactique » a-t-il expliqué à ses confrères lors d’une journée technique organisée par la Chambre d’agriculture de Gironde ce 2 février.

3h pour effeuiller

« Je n’effeuille plus à la main mais avec une machine pneumatique Kirogn deux faces pour pouvoir rapidement passer dans toutes mes parcelles à la fin de la floraison. L’opération demande 3 h/ha. Avant il nous en fallait 68 pour effeuiller la moitié des vignes. Et cela nous coûte 4 fois moins cher » détaille-t-il.

Le viticulteur a également décidé d’abandonner les vendanges en vert au profit d’un éclaircissage et d’un décompactage des potentiels foyers à botrytis. Pour limiter les maladies, il réalise désormais un dédoublage sur toutes ses parcelles contre un tiers auparavant.

Couverts végétaux dans tous les rangs

Victor Moreaud a bien planifié l’abandon du glyphosate. « Nous avons procédé étape par étape dès 2014 pour laisser à la vigne le temps de s’adapter et ne pas perdre en rendement ». Les deux premières années, le vigneron a sous-solé le sol des inter-rang avec des dents pour le regénérer. « Il était enherbé depuis 20 ans et semblait s’asphyxier, on voyait de la mousse. Tout le temps de mon père, il avait été tondu cinq fois par an avec un outil combiné sur l’enjambeur qui permettait aussi de rogner » raconte-t-il.

En 2017, Victor Moreaud a supprimé les antigerminatifs mais conservé deux glyphosates. En 2018, il en a éliminé un sur certaines parcelles.

Depuis sa conversion bio, Victor Moreaud sème des couverts végétaux dans tous les rangs. « Le sol est préparé, semé, et nous chaussons le cavaillon en un seul passage grâce à un outil combiné à l’automne. Nous déchaussons au printemps, en alternant ensuite lames et disques émotteurs 3 ou 4 fois. Nous avons transformé la roue de terrage d’un actisol en rolofaca pour rouler l’inter rang en même temps ».

Comme elle est roulée une fois qu’elle a fait ses graines, l’herbe ne repousse plus comme lorsqu’elle était tondue. « C’est tout bénef, on travaille moins, ça coûte moins cher, et la vigne est moins concurrencée » se réjouit le vigneron.

Victor Moreaud apporte encore du compost et un engrais azoté au printemps. « Si on oublie le gel de 2017, cette stratégie m’a permis de faire le rendement tous les ans ».

Je suis pendu à la météo

Pour arriver à son objectif de 50 hl/ha, Victor Moreaud doit aussi rester sur le qui-vive de la mi-avril à la mi-juillet. « Je suis pendu à la météo, raconte-t-il, j’ai une station pour chaque îlot, je m’aide de l’outil Décitrait et je consulte MétéoBlue pour avoir la synthèse de tous les modèles de prévisions ».

Le viticulteur a décidé de se simplifier la tâche en utilisant uniquement de la bouillie bordelaise pour lutter contre le mildiou. Les traitements sont réalisés par le prestataire Banton et Lauret avec son propre matériel. « Nous les renouvelons tous les 20 mm, moins en période de forte pousse. Je ne fais jamais l’impasse, même si les pulvérisateurs sont déjà sortis trois fois dans la semaine, et j’adapte la dose en fonction de la hauteur de la vigne : 130g de cuivre par hectare quand elle arrive au premier jet, 260g pour deux, et 400g maximum en pleine végétation ».

Un quad quand le tracteur ne passe pas

Victor Moreaud a remplacé son pulvérisateur pneumatique monté sur enjambeur par deux pulvés tractés MCV Belly dotés de pompes et de turbines hydrauliques, pour environ 100 000€. « Le premier nous permet de faire 3 rangs par passage et le deuxième 4. Le système est très stable, et nous avons un vignoble sans dévers avec des rangs très longs, jusqu’à 700 mètres, cela facilite la tâche ».

Grâce à ces investissements, les 25 hectares sont couverts en moins d’une journée. En 2019, le vigneron a aussi investi 30 000€ dans un quad et un petit pulvérisateur face par face. « Nous nous en sommes servis deux fois l’année dernière après de fortes pluies pour rentrer dans des parcelles inaccessibles en tracteur ».

En début de campagne, il fait systématiquement des tests avec du papier hydrosensible pour vérifier que son matériel est bien réglé. « Et je suis vicieux, je n’en mets que sur le dessous des feuilles et dans les petits recoins, et dans les paquets de feuilles et de grappes » dévoile-t-il.

Victor Moreaud s’assure aussi que le flux d’air est homogène sur toute la hauteur du feuillage, en visant une vitesse de 30 km/h.

17 traitements au cuivre

Le vigneron a fini la campagne 2020 à 4,3 kg de cuivre/an, appliqué en 17 passages, dont 10 associés à du soufre. « Nous étions plutôt autour de 12 avant la conversion » se souvient-il.

Depuis 2018, la conduite du vignoble Cormeil-Figeac nécessite en moyenne 42 interventions par hectare, contre 25 auparavant. Mais grâce au temps qu’il a gagné sur les travaux en vert, Victor Moreaud compte désormais un total de 345 heures de travail par hectare, contre 408 avant. « Je pense que j’ai aussi gagné sur les coûts de production, je suis en train de les calculer » révèle-t-il.

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Tous les commentaires (2)
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Lacroze Le 10 février 2021 à 07:08:09
Nous faire croire qu'on va passer en Bio et travailler moins , on voit vraiment que vitisphere et la vigne ne sont pas neutres. On comprend juste que ce viticulteur a modifié ses pratiques et à trouver un système qui lui convient parfaitement.
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Benji Le 09 février 2021 à 13:59:27
Merci à vitisphere d’éviter les amalgames ! La diminution du temps de mains d’œuvre de cette exploitation n’a rien à voir avec le fait d’être en bio! Bon nombre de conventionnels optimisent leurs combinaisons de matériels,dont des engrais verts et font de l’effeuillage mécanique ! Dans ce cas pourquoi ne pas comparer les vendanges manuelles et la machine à vendanger ou comparer pressurage manuel et pressoir pneumatique !!! Tellement facile de faire des raccourcis
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