n Anjou, plusieurs vignerons tentés par la biodynamie ont demandé à Philippe Chrétien de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) d’Angers, d’évaluer son impact sur la qualité finale des vins. « Je me suis rapproché de l’ATV49 et de la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire et nous avons monté un plan d’essais pour tenter de leur apporter des éléments de réponse » indique l'ingénieiur.
Financé par la région et Interloire, le projet Biodynavin a démarré en 2016. Les partenaires ont observé les effets de l’utilisation de deux préparations biodynamiques dans trois exploitations viticoles conduites en bio. « A chaque fois, nous avons divisé en deux une parcelle de chenin, et une de cabernet franc. Sur une des deux parties les viticulteurs nous avons appliqué de la 500P, la bouse de corne de vache censée favoriser la vie du sol, et de la 501 à base de silice de corne pour agir sur la végétation au printemps, à l’été, et à l’automne » dévoile Philippe Chrétien.
Pendant trois millésimes les techniciens ont pesé les bois de taille, mesuré la croissance des apex, et prélevé des grappes de manière stérile pour étudier la biodiversité levurienne sur raisin puis lors de fermentations spontanées.
Ils ont aussi analysé les moûts et les vins à l'occasion de microvinifications levurées de 30 litres. « En parallèle des paramètres classiques, des sucres, de l’acidité, de la couleur, et de dégustations réalisées à l’aveugle par un jury d’une quinzaine de techniciens et d’œnologues, nous avons demandé à la société Oenocristal de faire l’étude morphocristalline des lots et d'évaluer leur qualité à l'aveugle, en comparant chaque couple bio et biodynamie » détaille Philippe Chrétien.
Sans vouloir tirer de conclusions hâtives, le contexte sanitaire ayant retardé le traitement des données du millésime 2019, Philippe Chrétien révèle ne pas avoir noté d’influence des préparats biodynamiques sur la croissance ou la vigueur de la vigne. « Les analyses PCR n’ont pas non plus mis en évidence d’impact de la biodynamie sur les populations de levures et les paramètres classiques des vins n’ont pas varié » explique-t-il.


Mais l’apport de 500P et de 501 semble avoir eu un effet sur le profil aromatique des vins. Les membres du jury les ont dégustés à l’aveugle par paire et ont désigné leur modalité préférée. « En 2017, ils ont trouvé le vin issu de la parcelle conduite en biodynamie plus qualitatif à 4 fois sur 6. Sur une combinaison, ils n’ont pas pu départager les vins. Le vin classique n’a été préféré qu’une seule fois » détaille Philippe Chrétien. Et la cristallisation sensible a donné les mêmes résultats.
L’année suivante, le mildiou a vendangé les deux parcelles à l’étude sur une des exploitations. 4 paires ont donc pu être comparées. « La biodynamie est arrivée en tête trois fois, aussi bien à la dégustation que lors de la cristallisation » reprend l’ingénieur, qui prévoit de publier une synthèse de tous ces essais dans six mois.