tudiée ce 18 novembre 2020 par le comité national des appellations d'origine relatives aux vins de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), la demande d’expérimentation de sept cépages à fin d’adaptation du syndicat des vins AOC Bordeaux a reçu six avis favorables (en raisins rouges l’arinarnoa, le castets, le marselan et le touriga nacional, en vins blancs l’alvarinho* et la liliorila) et un refus. Le petit manseng n’est pas adapté aux terroirs bordelais pour l’INAO, qui suit les conclusions de son groupe de travail technique.
« Les experts étudient pour chaque Variété d'Intérêt à Fin d’Adaptation (VIFA) si elle peut s’adapter au changement climatique et si elle ne changera pas la typicité de l’appellation » rappelle Caroline Blot, la responsable du pôle vin de l’INAO. Notant que d’autres demandes ont déjà été refusées par le passé, pour des raisons techniques, Caroline Blot indique que « le petit manseng concentre trop de sucre pour s’adapter au changement climatique. Son aptitude à la concentration sur pied pour le passerillage ne correspond également pas à la typicité des liquoreux de Bordeaux (botrytisés). »
Si l’INAO s’est exprimée sur l’usage technique de cette expérimentation, la question de l’usage d’un cépage emblématique du piémont pyrénéen a mobilisé autant qu’inquiété trois AOC du piémont pyrénéen : Jurançon, Irouléguy, Pacherenc et Saint-Mont (où le petit manseng est un cépage accessoire). « Les petites appellations qui ont le petit manseng dans leur cahier des charges se sont accordées pour défendre leur identité et leur cépage emblématique » résume Henri Estreboou, président syndicat des coopérateurs de défense des vins du Jurançon (AOC de 1 300 hectares).
« A quoi ressemblera Bordeaux demain s’il prend le cépage de Jurançon, d’Irouléguy et du Pacherenc ? Bordeaux a déjà une multiplicité de cépages dans son cahier des charges [voir encadré] » renchérit Olivier Martin, le président de la Cave d’Irouleguy (60 % de l’appellation éponyme), qui ajoute que l’arinarnoa et la liliorila sont des créations de l’INRA Bordeaux absentes du cahier des charges d’Irouléguy (« ils sont bien moins autochtones que le tannat ou le petit manseng »).


« Nous souhaitons maintenir le couple cépage et terroir. Nous sommes une petite zone viticole qui a vu arriver un mastodonte… » conclut Olivier Bourdet-Pees, le directeur général Plaimont Producteurs (60 % de l’appellation Pacherenc du Vic Bilh et 99 % de Saint-Mont), qui précise que « le petit manseng a un lien très fort avec le climat pyrénéen. Il a besoin de beaucoup d’eau pendant période végétative. »
Contacté, l'ODG viticole des Bordeaux et Bordeaux Supérieurs ne souhaite pas commenter la décision de l’INAO, une assemblée générale devant se positionner sur la suite à donner aux avis de l’INAO sur ses demandes de cépages à fin d’adaptation.
* : A noter que l’alvarinho est validé, mais seulement pour l’expérimentation sur vins blanc sec, et pas pour des vins blanc à sucres résiduels.
Actuellement, le cahier des charges de l’appellation Bordeaux regroupe treize variétés traditionnelles. En rouge, il s’agit du cabernet franc, du cabernet sauvignon, de la carménère, du malbec, du merlot et du petit verdot. En blanc, on trouve du colombard, du merlot blanc, de la muscadelle, du sauvignon blanc, du sauvignon gris, du sémillon et de l’ugni blanc.