rincipal cépage planté Outre-Manche, le pinot noir est loin de s’y exprimer pleinement. Il peine tant à mûrir que les vignerons le vinifient le plus souvent en mousseux.
Des chercheurs pensent avoir trouvé le moyen de faire décoller la production de vin rouge, qui plafonne actuellement autour de 2%. Julien Lecourt en fait partie. Ce Français travaille au centre horticole du Kent. Pour la troisième année consécutive, il a cultivé et vinifié du divico, un cépage suisse obtenu par l’Agroscope Changins en croisant du gamaret et du bronner.


« Le divico a tout pour résister aux printemps froids et aux automnes humides du sud de la Grande-Bretagne, a-t-il expliqué à la revue National Geographic. Il fleurit fin juin, ce qui le met à l’abri du gel, et mûrit rapidement. Ses caractéristiques génétiques lui confèrent une résistance élevée au mildiou, à l'oïdium et à la pourriture grise, et ses grappes et son feuillage sont bien aérés. »
Julien Lecourt et ses collègues travaillent pour le compte d’un consortium de vignobles anglais, parmi lesquels Chapel Down et Gusbourne, dans la région du Kent, MDCV UK et Nyetimber, dans le Sussex, Hencote, dans le Shropshire et Halfpenny Green, dans le Staffordshire. « Ces acteurs importants de l’industrie sont convaincus par le potentiel du divico » assure le chercheur.
Le gérant d’Halfpenny Green, Martin Vickers, en a déjà planté 3000 pieds. « Même lors des bonnes années où il peut être vinifié en vin tranquille, le pinot noir manque de profondeur et de corps. Le divico va changer la donne, affirme-t-il. Sa couleur est beaucoup plus pourpre et profonde, à l’instar d’une syrah, d’un cabernet sauvignon ou d’un merlot. Il donne des notes de cerise noire et de cassis et est très persistant en bouche. »