Comme l'Australie

Les vins de Nouvelle-Zélande sur la sellette en Chine ?

e rapport publié par Westpac a mis en évidence certains secteurs d'exportation clés qui sont les plus menacés si les relations entre la Chine et la Nouvelle-Zélande devaient se détériorer. Consolation : le vin néo-zélandais se trouve confronté à un risque « très faible », contrairement au tourisme, aux fruits de mer et à l'éducation. Les échanges bilatéraux entre les deux pays s'élevaient en 2019 à 33,4 milliards de dollars néo-zélandais (soit 18,6 milliards d’euros), la majorité des exportations vers la Chine étant constituée de produits laitiers, de bois, de viande et de services touristiques, selon les données publiées par le gouvernement néo-zélandais. Quant aux exportations de vin vers la Chine, elles représentent moins de 1,5 % des exportations néo-zélandaises totales de vin, selon Westpac, ce qui réduit sensiblement la dépendance du secteur vitivinicole vis-à-vis de la Chine.

En outre, le rapport observe que la préférence exprimée par les consommateurs chinois en faveur des vins rouges pourrait protéger la Nouvelle-Zélande contre les risques futurs, étant donné que ses exportations sont dominées par le sauvignon blanc. « La prédominance du sauvignon blanc en Nouvelle-Zélande explique pourquoi le secteur est sous-représenté sur le marché chinois du vin par rapport à sa part de marché mondiale », indique le rapport. « En réalité, le secteur vitivinicole néo-zélandais souhaiterait plutôt augmenter son rayonnement sur le marché chinois, dans un contexte de croissance rapide (à la fois avérée et potentielle) des dépenses des ménages sur les produits de luxe comme le vin ».

Faisant écho aux conclusions de Westpac, Philip Gregan, le directeur de New Zealand Winegrowers, a également écarté les craintes d'une menace sur les vins néo-zélandais du même acabit que celle vécue par leurs homologues australiens. Répondant par email aux interrogations de Vino Joy News, il a déclaré : « Comme le note le rapport de Westpac, les exportations de vin néo-zélandais vers la Chine sont faibles mais en augmentation, et nous ne pensons pas que le vin néo-zélandais soit une cible ». Et de préciser : « En Chine, nos exportations se répartissent de manière plus égalitaire entre les vins rouges et les blancs, le pinot noir, le merlot, le cabernet et la syrah se taillant, jusqu'à il y a peu, la part du lion de nos exportations », explique-t-il.

Malgré le fait que la Nouvelle-Zélande et l'Australie sont toutes deux exemptes de tarifs douaniers sur le vin grâce à des accords de libre-échange, la Nouvelle-Zélande se positionne loin derrière son voisin australien sur le marché chinois, en partie à cause de sa production restreinte, qui représente moins de 1 % de la production mondiale. Sixième pays producteur, l’Australie représente quant à elle environ 40 % des vins importés vendus en Chine, alors que cette part ne dépasse pas 2 % pour la Nouvelle-Zélande. Tout en reconnaissant cet écart, Philip Gregan a expliqué que l'accueil mitigé réservé par la Chine à la Nouvelle-Zélande est également à attribuer au fait que le pays « n'a jamais cherché à produire de gros volumes, mais s'est plutôt attaché à proposer des vins de qualité supérieure, issus d’une production durable et déclinés dans un grand éventail de profils ».

Néanmoins, il s'est réjoui de la croissance des vins néo-zélandais ces dernières années, et des performances encourageantes enregistrées au cours du premier semestre de cette année. « Alors qu'en 2020, comme la plupart des pays, nos exportations vers la Chine ont souffert, selon les données de l’association chinoise des vins et spiritueux, nous avons réussi à engranger des résultats supérieurs à ceux du marché sur la période de janvier à juin. En outre, comme le marché s’oriente de plus en plus vers la consommation à domicile, impulsée par l'acceptation généralisée du commerce électronique, nous avons vu une augmentation notable des exportations de sauvignon blanc. Cela démontre que les consommateurs de vin blanc en Chine boivent pour le plaisir, et nous pensons que cette tendance va s'accentuer, la Nouvelle-Zélande étant bien placée pour en tirer profit ».