Newsletters
Magazine
Article réservé aux abonnés 
aptisée "les Ambassadeurs de Graves", la marque collective de l’AOC bordelaise ne manque pas d’ambitions. Cette sélection annuelle de domaines sur des critères de certifications et de qualités sensorielles compte non seulement briser le plafond de verre du prix maximum associé par le consommateur aux vins de Graves, mais également transformer les multiples contraintes pesant actuellement sur le vignoble en opportunités de valorisation.
« Nous constatons un paradoxe dans le vignoble. D’une part les investissements vont croissants sur la mise aux normes environnementales et les réponses aux attentes sociétales. De l’autre, la rentabilité d’exploitation n’est pas suffisante » pose Dominique Guignard, le président du Syndicat Viticole des Graves, présentant ce 15 octobre le concept des Ambassadeurs de Graves. Faisant état d’un prix de vente moyen supérieur à 7 euros la bouteille en grande distribution, Dominique Guignard souligne que « les consommateurs nous disent qu’à 12-15 € ce n’est plus le positionnement des Graves. Ce plafond de verre est identifié, nous travaillons à renverser ce paradigme. »
Se voulant un outil de conquête des consommateurs, la marque déposée des Ambassadeurs de Graves se veut également simple d’accès pour les domaines candidats, qui pourront déposer un dossier dès janvier 2021 pour la première sélection annuelle (normalement dévoilée en juin 2021). Sur la dizaine de critères à respecter, la moitié sont des prérequis réglementaires, le reste répond aux attentes des consommateurs explique Mayeul l’Huiller, le directeur général de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG). Les Ambassadeurs de Graves doivent ainsi être certifiés environnementalement (en agriculture biologique, biodynamie, Haute Valeur Environnementale ou ISO 14 001) et avoir la capacité d’accueillir des visiteurs (labellisation Vignobles et Découverte).
Reprenant des labels existants déjà connus de la filière, l’ODG des Graves indique ouvrir au maximum l’accès aux Ambassadeurs de Graves. Les candidats seront ensuite dégustés par des panels de consommateurs (80 à 100), pour garantir une qualité minimale, définie préalablement au sein de l’appellation pour chaque millésime. « Rien n’est acquis » souligne Dominique Guignard, estimant que la remise en cause annuelle du label assurera sa valeur.
L’ODG met d’ailleurs en valeur les contrôles de conformité qui seront réalisés tout le long du processus de sélection par les organismes QB Vérifications et Technisens. « Le but est que chaque vin labellisé corresponde à celui dégusté et aux engagements » explique Mayeul L’Huillier. En phase de test en 2020, les Ambassadeurs de Graves doivent se déployer en 2021.
Les frais inscription seraient inférieurs à 2 000 euros, le prix du label serait de l’ordre de 20 à 25 centimes d’euros par bouteille. « C’est une démarche d’excellence, qui va demander des investissements pour bénéficier de mises en avant » souligne Mayeul L’Huillier. Actuellement, l’identité du label et la forme des campagnes de communication ne sont pas définies. Le nom des "Ambassadeurs de Graves" restera inchangé sur tous les marchés, sans être traduit.
Portant depuis 2014 un projet de relance de l’AOC Graves*, Dominique Guignard compte mettre en avant les produits les plus vertueux de l’AOC en évitant toute scission de l’ODG. « L’idée est de capitaliser sur ce qui rassemble les châteaux pour communiquer sur une identité collective. C’est un signe de qualité collectif qui complète l’AOC, signe officiel de qualité. Ce n’est pas un club, mais un label ouvert à l’ensemble des viticulteurs » détaille Dominique Guignard, soulignant qu’« il n’y a pas de dévalorisation des châteaux qui ne seront pas labélisés. C’est au contraire la mise en avant des plus vertueux, afin de valoriser l’image des Graves auprès des consommateurs ».
Alors que les enjeux de privatisation des noms d’appellation animent la justice bordelaise, l’ODG souligne que le nom "les ambassadeurs de graves" a été validé par la Direccte et l’INAO. Ainsi qu’une batterie de juristes et experts du droit des marques pour s’assurer de la validité de la démarche. « Ce n’est ni un concours, ni un classement. L’espace est assez mince, mais c’est une marque collective » conclut Dominique Guignard.
* : Ayant porté dernièrement la création du groupe Graves et Sauternes, le président de l’ODG se prépare en 2021 au lancement des Ambassadeurs de Graves, ainsi qu’à la modification du cahier des charges de l’AOC.
