epuis que Jean Castex a pris ses fonctions de premier ministre, Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France (VIF), ne manque pas de passer au peigne fin ses déclarations pour y trouver des éléments justifiant un soutien appuyé à la filière vin en cette période de crise du coronavirus. Cette attention est d’autant plus forte que l’attente de gestes forts est longue.
Avec un plan de relance de 100 milliards d’euros dévoilé ce jeudi 3 septembre, Jean-Marie Fabre pousse quatre demandes. D’abord fiscales, avec la mise en place d’un nouveau dispositif d’exonération de cotisations sociales : « avec le critère [actuel] de 80 %, nous avons le sentiment que moins de 5 % des entreprises pourront bénéficier de cette mesure. Il faut imaginer un outil de soutien à une filière employeuse dans le territoire. Lors du discours de politique générale du premier ministre, il annonçait que le plan de relance serait économique et territorial. »
Si des exonérations de charges pour 2021 pourraient être incluses dans le prochain projet de loi de finances, Jean-Marie Fabre propose également l’annulation ou la réduction significative de la Taxe sur le Foncier Non Bâti (TFNB). « Devant le Medef*, le premier ministre a annoncé parmi les pistes du plan de relance une diminution ou annulation des impôts liés aux outils de production. Devant les patrons du Medef cela signifie la taxe d’apprentissage. Nous voulons que tous les outils de production soient concernés. Pour la vigne c’est la TFNB » souligne le vigneron de Fitou, qui demande que cette exonération soit compensée aux bénéficiaires de la TFNB (collectivité locales, chambres d’agriculture…)
Les autres demandes des VIF concernent l’aide à la transition agroenvironnementale et aux certifications bio et Haute Valeur Environnementale (HVE ). Si l’exécutif annonce que son plan de relance doit dessiner l’agriculture de demain, Jean-Marie Fabre demande à ce que cela passe par des crédits d’impôt à la conversion, à des investissements d’agroéquipement, à de la recherche et du développement…


Alors que les Etats-Unis viennent de reconduire leur surtaxe sur les vins français, Jean-Marie Fabre réclame un « plan Marshall commercial » avec un fonds de compensation et une aide au repositionnement sur le marché américain. Plus globalement, le président des VIF estime que le poids sur le commerce extérieur du vin, de l’aéronautique et de luxe doivent en faire des filières prioritaires de la diplomatie française à l’international. Ce qui implique des négociations à soutenir pour des accords de libre-échange favorables en Grande-Bretagne (face au Brexit) et en Chine (face à la concurrence australienne).
Jean-Marie Fabre scrute déjà les prochaines déclarations gouvernementales pour y retrouver ces mesures de soutien.
* : Participant ce 26 août aux rencontres des entrepreneurs de France, à l’Hippodrome de Paris-Longchamp, Jean Castex annonçait que « pour ne pas entraver, pour doper la production dans nos territoires, nous allons en effet baisser dès le premier janvier prochain les impôts de production à hauteur de 10 milliards d'euros par an. Car vous le savez parfaitement, ce sont ces impôts qui pèsent sur les facteurs de production - le travail, l'investissement, les locaux, les terrains - indépendamment, cela a été dit, de la profitabilité des entreprises. Cette baisse, dont bien entendu nous veillerons à ce que ses effets soient neutralisés pour les collectivités territoriales, comportera trois volets. Premièrement, une division par deux de la CVAE dont la part régionale sera supprimée pour réduire le poids de cet impôt qui, vous le savez, porte notamment sur l'emploi et l'investissement. Cette réforme, qui sera adoptée dans le prochain projet de loi de finances, allègera l’impôt dès 2021. »