volution du cycle végétatif oblige, le travail n’a pas complètement cessé dans les vignes et les caves italiennes. Au moment où les caveaux de vente ré-ouvrent et que les producteurs commencent à se focaliser sur les prochaines vendanges, Pierpaolo Penco, responsable du cabinet Wine Intelligence pour l’Italie, analyse l’impact du confinement sur les habitudes de consommation des Italiens. Logiquement, et comme partout ailleurs, la fermeture du secteur CHR a poussé les Italiens à acheter davantage de vin dans la distribution alimentaire et en ligne. D’après les retours des producteurs, les exportations sont restées plutôt stables mais les exportateurs ont dû faire preuve de créativité pour maintenir le lien avec leurs clients, notamment à travers des outils numériques. Du côté des consommateurs, les Italiens sont, eux aussi, tombés sous le charme des apéritifs en ligne, mais selon Pierpaolo Penco, cette tendance risque de décliner avec la réouverture du circuit CHR. Il n’empêche que l’avenir de ce dernier est loin d’être assuré. « Désormais, 4 restaurants sur 5 sont ouverts, mais certains d’entre eux ne proposent que la vente à emporter ou les livraisons à domicile », explique l’analyste. « Le directeur du Guide Michelin, Gwendal Poullennec, a affirmé récemment que moins de 20% des restaurants gastronomiques ont ouvert leurs portes, et selon certains organismes professionnels, environ 30% des établissements du secteur CHR fermeront définitivement ».
Cette nouvelle réalité oblige les professionnels, non seulement à trouver d’autres débouchés à long terme, mais aussi à tenter de surmonter des problèmes immédiats de trésorerie. Réduction des rendements cette année – de l’ordre de 10 à 20% – et distillation de crise (1-2 million d’hectolitres) font partie des solutions qui seront mises en œuvre mais les professionnels seront indéniablement obligés de réduire la voilure dans bien d’autres domaines. « Je pense que nous verrons certaines caves restreindre le développement de nouveaux produits – pour se focaliser plutôt sur leurs principales marques et cuvées – et mettre en berne leurs activités oenotouristiques. Certaines vont réduire ces activités ou ne pas ré-ouvrir leurs chambres d’hôtes ou restaurants tant que le tourisme étranger reste faible ou inexistante ». Tous les secteurs de l’économie vitivinicole ne sont pas aussi moroses. Wine Intelligence pointe l’engouement soutenu en faveur des vins effervescents, avec le Prosecco bien sûr en première place pour sa notoriété, sa consommation et son taux de conversion. Si le Prosecco s’impose comme le style préféré des Italiens à l’heure actuelle, c’est la marque Ferrari Spumanti qui arrive en tête de l’indice des marques les plus puissantes. L’avenir pourrait bien être radieux aussi pour les vins biologiques et autres produits du développement durable, sous l’impulsion de la crise sanitaire. Autant la moitié des consommateurs réguliers italiens interrogés affirment ne pas avoir l’intention de modifier leurs habitudes alimentaires et être avides de nouvelles découvertes, autant ils risquent de privilégier des produits perçus comme bons pour la santé, et pour l’environnement, à l’avenir.