’endothérapie consiste à percer les ceps de vigne puis à injecter au cœur de l’amadou, des produits chimiques ou « bio » pour lutter contre l’esca. Depuis trois ans, le laboratoire Vigne Biotechnologie et Environnement de l’Université de Haute Alsace teste cette technique sur dix parcelles en Alsace (5 de gewurztraminer et 5 de riesling, deux cépages sensibles à l’esca), ce qui représente 900 pieds au total. Elle mène aussi un essai en Bourgogne sur 700 pieds de chardonnays de trois clones différents. « On traite les pieds qui ont exprimé des symptômes foliaires l’année précédente. C’est donc un protocole curatif. Et on mime un curetage. Mais au lieu de donner des coups de tronçonneuse, on perce le cep du haut vers le bas en suivant son architecture jusqu’à l’amadou avec une perceuse sans fil. On injecte le produit avec une seringue jusqu’à saturation de l’amadou puis on rebouche le trou. La quantité de produit injecté varie selon la quantité d’amadou. Le produit va être absorbé par l’amadou puis va diffuser dans tout le cep », détaille Mélanie Gellon qui coordonne ce programme.
L’opération prend 2 minutes par pied. Les deux premières années, les expérimentateurs ont opéré deux injections : la première avant le débourrement ; la seconde avant la floraison. Cette année, ils en feront une troisième avant la véraison. Les produits testés ? Deux produits chimiques déjà homologués, connus pour leurs vertus antiseptiques ainsi que trois produits en cours de développement – un d’origine chimique et deux autres « bios » - . Les expérimentateurs les ont comparés à un témoin non traité et à de l’eau. Les premiers résultats ? « En Alsace, on a noté une tendance à la réduction des symptômes de 10 à 60 % selon les produits utilisés. Les plus efficaces seraient ceux en cours de développement. Nous ne pouvons pas donner leur composition pour le moment », indique Mélanie Gellon. La pratique n’a pas eu d’impact sur le développement de la vigne. « On n’a pas observé de différence sur la phénologie, la vigueur et le rendement », précise la chercheuse. Et sur la qualité des raisins et des vins ? « On ne l’a pas mesuré les deux premières années. Mais c’est prévu pour cette année », précise-t-elle. A voir si ces premiers résultats se confirment. Rendez-vous fin 2020 pour avoir l’ensemble des résultats.