e 28 avril, le groupe de cavistes Lavinia a vendu la société d’importation Vins Du Monde au négoce bordelais Vins de Lisennes. Avec la crise du coronavirus et son confinement fermant les restaurants, « c’est sans doute le pire moment pour racheter une entreprise de distribution dans le réseau traditionnel, mais comme je le dis à mon banquier, c’est un investissement [qui portera ses fruits] dans vingt ans » explique, pince-sans-rire, le vigneron Jean-Luc Soubie, à la tête du négoce Vins de Lisennes qu’il a fondé en 1992 à Tresses (Gironde).
Loin d’être un nouveau venu dans l’importation de vins étrangers sur le marché français, le vigneron bordelais a racheté en l’an 2000 la société de distribution de vins latino-américains Valade puis en 2006 l’importateur spécialisé Transadine. Formant Valade-Transandine, l’ensemble reunit actuellement 700 références vins venant de 30 pays (pour un chiffre d’affaires annuel de 4 millions d’euros), avec depuis 2011 deux consultants : le sommelier Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde de l’an 2000, et l’expert Claude Gillois, le fondateur de Vins du Monde en 1996, jusqu’à sa vente en 2010 à Lavinia.
Ayant le projet de vendre Vins du Monde depuis le début 2019, le groupe Lavinia « souhaite par cette cession, pouvoir se concentrer sur son activité de caviste (retail, évènementiel, restauration, cadeaux d’affaires), le développement de la marque Lavinia et sa stratégie de digitalisation de son activité (lavinia.com) » précise un communiqué du caviste*. Validée fin 2019, la transaction permet aux Vins de Lisenne d’acheter Vins du Monde, qui ne fusionnera pas avec Valade et Transandine. Deux équipes et deux gammes de vins distinctes seront conservés.
Leader dans la distribution de vins étrangers auprès des professionnels, Vins du Monde propose 500 références (dont Pingus, Vega Sicilia, Ridge, Arlan Estate…) et réalisé un chiffre d’affaires de 2,5 millions €. Jean-Luc Soubie va en fermer le site de vente en ligne pour se concentrer sur la vente aux professionnels (cavistes et réseau CHR). « Il y a très peu d’opérateurs sur cette niche. Comme dans tout grand pays producteur, le marché français consomme de façon tout à fait normale des vins d’abord produits sur place » pose le vigneron bordelais. Soulignant qu’il y a un intérêt des consommateurs pour des vins venant d’ailleurs, Jean-Luc Soubies « ne propose pas de cabernet sauvignon du Chili ou de sauvignon blanc d’Afrique du Sud. Il y a un avenir à proposer des choses différentes. »


Avec la crise du coronavirus, « actuellement les deux tiers de notre clientèle sont à l’arrêt dans la restauration. Le reste concerne des cavistes qui sont en travail partiel. Nous devons être à 15 % de notre activité » rapporte le vigneron bordelais, qui reste confiant dans la capacité de ses négoces à tenir le coup grâce aux aides d’Etat : « il faut être prêt quand la situation repartira et reviendra à la normale, sans doute en début ou milieu d’année prochaine ». L’opérateur est davantage inquiet pour sa propriété familiale, le château de Lisenne (56 hectares en Bordeaux et Bordeaux Supérieur) : « la situation était déjà difficile avant, je suis inquiet sur l’après. A la sortie, ça va être la guerre avec tous les stocks… »
* : Lavinia souligne que « les vins étrangers faisant partie de l’ADN du groupe, il continuera de proposer à sa clientèle une large sélection de produits internationaux, notamment ceux importés par Vins du Monde en poursuivant la relation commerciale forte unissant ces deux sociétés ».