Restant sanctionnés à +25 %
Pas de surtaxe américaine de 100 % pour les vins français

Dans le conflit des subventions européennes Airbus, la filière des vins français peut voir le verre à moitié plein, en ayant évité un nouveau carrousel de rétorsions, ou à moitié vide, en continuant de subir une sanction qui lui est étrangère.
Sans totalement tenir de la Saint-Vincent, cette Saint-Valentin lève une lourde menace pesant sur l’avenir commercial des vins français aux Etats-Unis. Dans la nuit du 14 février, le Bureau du Représentant Américain au Commerce (USTR) a publié la révision de ses sanctions à l’encontre des subventions européennes indûment perçues par Airbus, conformément à un jugement de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Faute de modification des subventions Airbus par l'Union Européenne, l’administration américaine met en place dès le 18 mars 2020 des « ajustements » aux mesures de rétorsion en vigueur depuis le 18 octobre 2019. Indiquant ne pas souhaiter dépasser un seuil de 25 % sur les produits non-aéronautiques*, l'USTR n’imposera pas de nouvelles taxes de +100 % sur les vins et spiritueux français.
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Sérieusement évoquée par le gouvernement du président Donald Trump en décembre 2019, cette surtaxe punitive a mobilisé tous les échelons des filières européennes et américaines pour la contrecarrer. Cette menace dissipée, reste la taxe de +25 % sur la valeur déclarée à l'importation des vins français tranquilles (en bouteille inférieure à 2 litres et avec un degré alcoolique inférieur ou égal à 14°.alc). Ayant déjà causé un repli des exportations françaises sur le marché américain (-100 millions d’euros expédiés par la France sur le dernier trimestre 2019), cette sanction va donc continuer de peser sur la compétitivité nationale.
Diplomatiquement, « la hausse de 100 % était peu probable. Le but de ces taxes est de faire souffrir, pas de détruire. En restant à +25 %, les vins français vont continuer d'en pâtir » analyse une source française proche des négociations américaines Si la filière des vins hexagonaux exige, avec le soutien des élus locaux, un fond de compensation de 300 millions d’euros, le gouvernement français s’y refuse. Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, évoque ainsi de futurs débats européens pour négocier une aide communautaire (notamment ce 20 février). Plus que des promesses d’aides de compensation, les vignerons et négociants français demandent au pouvoir national de peser sur les négociations entre les Etats-Unis et l’Europe pour suspendre cette guerre commerciale délétère.
Attendue ce premier semestre, l'autorisation par l'OMC de sanctions européennes en rétorsion des subventions américaines à l'avionneur Boeing pourrait débloquer une situation figée. Anticipant ce jugement, les autorités américaines précisent qu'en « l’état actuel, le représentant du Commerce a décidé de ne pas augmenter le taux des droits de douane supplémentaires au-dessus de 25 % pour les produits non-aéronautiques. [Mais cette décision] pourrait être révisée immédiatement si l’Union Européenne taxe à l’avenir des produits américains en conséquence du conflit devant l’OMC concernant les prétendues subventions américaines d’avionneurs. »
« Clairement, les Etats-Unis vont attendre que le contentieux Boeing arrive sur la table pour relancer les négociations et éviter des droit de douane dans l'Union Européenne. Les administrations américaines et européennes connaîtront la décision de l'OMC avant sa publication. Ce sera une phase d'échange qui permettra d'avancer pour résoudre ce conflit » veut croire la source française. En attendant, les vins français vont donc continuer de souffrir sur le marché américain.
* : Les biens aéronautiques européens voient pour leur part leurs surtaxes passer de +10 à +15 %.