ointant son nez dans le marché des vins en vrac, la crise de commercialisation des vins rouges n’éclate pas dans les allées du salon des vins du val de Loire (3-4 février au parc des expositions d’Angers). Entre engouement des consommateurs pour des produits accessibles (en termes de profils et de prix) et curiosité pour de nouvelles appellations (et modes de conduite), les domaines ligériens misant sur la vente directe semblent tirer leur épingle du jeu. Tout en ayant conscience d’une conjoncture difficile pour l’ensemble des vins rouges.
« Quand Bordeaux tousse, on s’enrhume tous un peu. Ça fait des volumes sur le marché qui touche d’abord le négoce » résume Guy Mabileau (domaine Lysiane et Guy Mabileau, 20 hectares à Saint-Nicolas de Bourgueil). « Les vignerons qui ciblent, comme nous, les particuliers, la restauration et les cavistes sont moins exposés. Ça aura forcément un impact si la crise continue, et que l’on voit des bouteilles en tête de gondole à 2 euros » nuance le vigneron.


« J’ai des confrères qui n’ont plus de vin à vendre, pas à cause du gel, mais parce qu’ils ont des marchés » lance avec un grand sourire Marie-Françoise Ratron (le clos des Cordeliers, 20 ha en AOC Saumur-Champigny). La vigneronne angevine soulignant qu’« aujourd’hui, tout ne va pas si mal. Ça allait mal quand on attendait que le négoce nous prenne une citerne sans avoir connaissance des clients. Quand on vend au négoce, on fait de la trésorerie, pas de la valeur ajoutée. » Ayant monté en dix ans ses ventes en direct de 25 à 45 %, Marie-Françoise Ratron souligne récolter le fruit d’orientations économiques affirmées : « je travaille maintenant les week-ends et les jours fériés. D’autres modèles économiques existent, ils sont certainement plus chronophages, mais aussi plus pérennes. »
Pour pérenniser le domaine viticole qu’elle gère avec son mari, Sandrine Deschamps (la Fontaine aux fougères, 3 ha en bio à Bourgueil), a fait « le choix de ne commercialiser que ce qui peut se valoriser et de se libérer plus de temps pour prospecter en salon et accueillir du public ». Possédant 15 ha de vignes familiales, son époux, Christophe Deschamps, en a dédié 3 ha pour le domaine de sa femme (à 80 % vendu à l’export) et 5 ha pour son domaine du chêne Arrault (qui se focalise sur la vente directe). Le reste a été mis en fermage. « Si un jour nous en avons besoin, nous verrons à exploiter ses vignes » conclut Sandrine Deschamps, qui est tout sauf dans une optique de crise commerciale.