Pour répondre à la transition écologique, la création variétale est la bonne solution. Même si c’est un peu long pour certain » reconnaît Gilles Masson, le directeur du Centre du Rosé, ce 26 novembre lors d’une conférence du salon Sitevi (Montpellier). Lancé en 2015 par les interprofessions des vins du Languedoc et de Provence (CIVL et CIVP), le programme d’Exploitation de la sélection Génomique afin d’Accélérer la création de variétés Résistantes et qualitatives pour la filière viticole Rosé (EDGARR) conserve la mission de sa dénomination. En matière d’accélération de l’obtention de ces cépages résistants, le centre du rosé a bon espoir de pouvoir raccourcir le délai initialement prévu.
« Nous voulons faire sauter l’étape du phénotypage au champ. En remplaçant l’étude de parcelles par un traitement statistiques entre des caractères viticoles et l’analyse moléculaire du génome Ne pas mener ces observations permet de gagner six ans si l’on formule les bonnes hypothèses » explique Gilles Masson. Alors que processus d’obtention variétale devait durer au minimum seize ans, cette procédure accélérée permettrait d’imaginer une inscription au catalogue français en 2028 des cépages résistants aux maladies cryptogamiques et adaptés au cahier des charges de la production de rosé.


« Il est rare de pouvoir décider de ce que l’on veut dans un cépage » témoigne Gilles Masson, qui a écrit l’an dernier sa « lettre au père noël ». Soit une liste d’exigences au vignoble (résistances au mildiou, à l’oïdium et au blackrot, tolérance à la sécheresse, bons niveaux de rendements, phénologie adaptée au changement climatique, facilité de conduite…) et à la cave (équilibres acide/sucre, teneurs en polyphénols, potentiel aromatique, résistance à l’oxydation…).
Après des croisements d’absorption en 2016 et 2017 entre cépages résistants polygéniques et cépages emblématiques (cinsault et vermentino), 5 358 pépins ont été obtenus, pour 152 descendants retenus (31 de cinsault et 121 vermentino). Avec de premiers ceps en pot, dont certains greffés, de premières grappes ont déjà pu être microvinifiés. « Les résultats sont très variés » se félicite Gilles Masson, qui vise une sélection à 20 candidats.