es wineries californiennes peinent à pérenniser leur présence en Chine suite à l'augmentation des tarifs douaniers, mais personne n'est encore prêt à renoncer aux liens tissés avec ce marché lucratif. Assurant plus de 90 % de la production nationale de vin, les wineries californiennes sont frappées par des droits de douane punitifs de plus de 90 % appliqués aux vins américains exportés vers la Chine. Résultat : elles sont en train de freiner leurs investissements dans ce pays et de diversifier leurs débouchés en direction d’autres régions d'Asie. Dès mars 2018, la Chine a imposé plusieurs vagues de droits de douane punitifs sur les produits américains, dont le vin, avec pour effet de réduire la valeur des exportations américaines de vins. Celles-ci sont passées, en effet, de 78 millions de dollars à 59 millions $ l'an dernier (de 70 à 53 millions d'euros).
Pour Buccella, une petite exploitation située à Napa dont la production moyenne annuelle s’élève à 50 000 bouteilles et qui s’est spécialisée dans l’élaboration de vins rouges à base de cabernet sauvignon vendus entre 60 et 210 $ la bouteille (54 à à 189 €), l’effet a été immédiat, selon Kevin Travis. « Notre importateur a cessé d'importer des vins en Chine cette année à cause des tarifs douaniers », a expliqué Kevin Travis lors d'une grande dégustation de vins californiens organisée le 18 octobre à Hong Kong par l’organisme de défense des vins californiens, le California Wine Institute. Avant l'entrée en vigueur des tarifs, affirme-t-il, la maison tirait plutôt bien son épingle du jeu sur le marché malgré ses faibles volumes. Son importateur en Chine continentale vendait chaque année une palette de ses cabernets de haut de gamme, positionnés à 120 $ la bouteille départ cave (108 €).


Le chamboulement provoqué par la majoration soudaine des tarifs douaniers a été ressenti également par Silenus, autre petite cave indépendante à Napa. Basée à Oak Knoll dans la Napa Valley, la cave maintient toujours sa présence en Chine, mais reconnaît que de plus en plus, la crème des vins californiens commencent à souffrir financièrement... Qualifiant le marché chinois du vin de « sporadique », la vice-présidente de Silenus, Evelyn Pool, estime que d’une certaine façon l’entreprise avait été chanceuse, car elle avait déjà commencé à diversifier ses débouchés asiatiques avant l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane. « Nous avons eu de la chance, car nous avions une longueur d’avance », se console-t-elle. Cette situation a poussé la cave à être plus réactive au niveau du développement export ainsi que vis-à-vis de ses ventes sur le marché intérieur.... Cette année, elle a étendu sa présence pour englober de nouveaux marchés tels que le Royaume-Uni, le Canada, le Danemark, la Corée, Hong Kong et Taipei.
A contrario, la société Girard, fondée en 1975 par Pat Roney, ne semble pas avoir été entravée par l'augmentation des tarifs douaniers, dérogeant à la tendance générale à la baisse en Chine. Située à Napa, la cave est devenue célèbre en Chine grâce à son cabernet-sauvignon 2014 de la Napa Valley, servi en 2017 lors d'un dîner officiel entre le président chinois Xi Jinping et Donald Trump. Depuis, son cabernet-sauvignon, fleuron de sa production positionné à environ 70 $ la bouteille, est devenu l'un des vins californiens premium les plus vendus en Chine, d’après l'agence de presse nationale chinoise Xinhua. Cela, en dépit de la guerre commerciale que se livrent actuellement les Etats-Unis et la Chine. Interrogé sur l'impact de cette guerre commerciale sur les ventes de vin, son distributeur hongkongais Keric Tao, répond : « Ce vin est facile à vendre. Peu importe les tarifs douaniers. Il est célèbre en Chine et ne nécessite pas de gros efforts marketing »....
En revanche, pour les domaines qui ont passé des années à développer le marché chinois, le défi actuel est de taille.