e mardi 17 septembre, une longue file de tracteurs patiente devant la cave coopérative de Cuxac d’Aude. C’est le premier jour d’apport des rouges qui seront vinifiés en rosé. Le temps est compté pour traiter ces raisins car les jus doivent être pâles. Malgré cela, Stéphane Pouyet, le directeur et œnologue, reste serein.
Cette année, la cave a investi 2 M€ dans divers matériels dont un nouveau quai et un nouveau pressoir pour accroître sa capacité de réception. Elle s’est dotée d’un pressoir pneumatique Della Toffola à cage fermée d’une capacité de 480 hl, avec l’option « programme intelligent », qui conduit seul le pressurage. Cet équipement vient compléter la batterie de cinq autres pressoirs de plus petite taille : un 320 hl, trois 150 hl et un 100 hl.
« Si nous n’avions pas eu ce nouvel équipement, je ne sais pas comment nous aurions fait », confie le directeur. Point fort de ce pressoir : le gain de temps. Grâce au programme intelligent, la durée des cycles de pressurage est considérablement réduite.
La coopérative a commencé ses vendanges le 18 août par les blancs. Le 17 septembre, elle avait déjà rentré 40% de ses apports dans cette couleur. « On a fait des cycles de 90 à 110 mn en moyenne alors qu’avec nos autres pressoirs, il faut compter 2h30 ». A cela s’ajoute une économie de main d’œuvre car le pressoir travaille en grande partie seul.
En mode entièrement automatique, le pressoir fait tout : il arrête lui-même son chargement quand il s’estime plein, enclenche le pressurage puis le vidage et, enfin, le nettoyage. Un écran numérique situé sur le côté affiche des informations en permanence : poids de la vendange, quantité de moût extraite, nombre rebêchages et de rotations, taux d’assèchement du marc…
Cependant, les opérateurs peuvent prendre la main à tout moment. Sur le côté du pressoir, figurent quatre touches pour le chargement, le pressurage, le déchargement et le lavage. « Le pressoir pourrait fonctionner de façon autonome dès qu’on démarre le chargement, mais pour des raisons de sécurité, je préfère lancer chacune de ces opérations », indique Stéphane Pouyet, qui est alerté sur son smartphone de l’avancement de chaque cycle.
Une fois les différentes phases lancées, n’est plus intervenu, sauf exceptionnellement. « Il nous est arrivé de passer en manuel lors du chargement pour rentrer une benne de plus alors que le programme intelligent avait stoppé le remplissage. En automatique, depuis le début des vendanges, le chargement moyen a tourné autour de 130 à 140 tonnes. En mode manuel, nous avons pu charger jusqu’à 220 tonnes », rapporte Stéphane Pouyet.
Le niveau d’asséchement des marcs a toujours été très satisfaisant. Sauf une fois. « Nous avons fait un essai sans enzymer les raisins. La durée de pressurage a été beaucoup plus longue et l’assèchement du marc insuffisant. Il a fallu passer en manuel pour surpresser ».
Le programme intelligent a-t-il un impact sur qualité des moûts ? Stéphane Pouyet pense que non, que le seul atout du programme c’est sa rapidité. « En revanche, la membrane centrale et la grille ajourée sur toute la surface du cylindre font la différence par rapport à mes autres pressoirs pneumatiques, à membrane latérale. Les jus s’écoulent plus rapidement, ils sont moins chargés et plus faciles à traiter en flottation ».
Seul bémol à ce tableau plutôt convaincant, le nettoyage automatique que Stéphane Pouyet juge insuffisant. « Nous réalisons un nettoyage manuel chaque nuit pour avoir un matériel bien débarrassé de ses impuretés ». Autre adaptation envisagée : le remplacement des manches branchées pour l’évacuation des jus à la sortie du pressoir par des canalisations fixes, plus sûres en cas de coups de bélier.
Grâce à l’intelligence artificielle, le programme de pressurage s’écrit au fur du cycle en fonction de deux paramètres qui sont mesurés en temps réel : le débit instantané d’écoulement des jus et le poids de la vendange à l’intérieur du pressoir. Un peson est installé sous chaque pied du pressoir pour mesure le poids dans aux quatre coins de la cage. Un débitmètre mesure l’écoulement des jus. C’est à partir de ces deux paramètres que le dispositif décide de la durée des paliers de pression, de monter en pression et des rebêchages au fur et à mesure de l’avancée du cycle. Tout est décidé par le logiciel, qui comprend seul à quel type de vendange il a affaire. Cette option est proposée sur tous les pressoirs pneumatiques.