Je crois n’avoir jamais vu un millésime aussi hétérogène”. Sylvain Fessard est technicien à la Fédération viticole de l’Anjou-Saumur depuis une dizaine d’années, avant un parcours dans des domaines. Il a arpenté les parcelles cet été et poursuit ces tournées de vignes pendant les vendanges notamment pour élaborer les suivis de maturité. Le vignoble a subi deux vagues de gel au printemps, mais très disparate. Conséquence : “J’ai vu des parcelles avec deux grappes par souche. Et d’autres qui dépassaient les 15”. Après le gel, le vignoble a tiré la langue tout le mois de juillet. Heureusement, pour beaucoup, quelques millimètres salvateurs sont venus aider à la croissance et à la maturité des raisins. “Pas partout”, souligne le technicien. “Les petits pois sont restés petits pois par endroits”. A mi-parcours, alors que les bulles sont achevées, tout comme une partie des blancs secs et des rosés, il estime que chez certains vignerons, on ne dépassera pas la demi-récolte.
Confirmation avec ce vigneron angevin, qui affiche pour l’heure des rendements autour de 25-30 hl/ha sur les chardonnays et chenin. Et n’escompte pas de miracle dans les cabernets… Pour autant, impossible aujourd’hui d’évaluer le volume final qui sera déclaré en Anjou-Saumur. Une année moyenne tourne autour d’1 Mhl, dont 900 000 d’appellations, hormis 2018 et ses 1,33 Mhl. Ceux qui n’ont pas gelé et qui ont reçu un peu de pluie pourraient afficher de belles performances.
Chez Robert & Marcel, la cave coopérative du Saumurois (100 000 hl en moyenne), les rendements ne sont pas à la hauteur. Le secteur a souffert du gel de printemps. “Sur les chardonnays, on va tabler sur 35 à 40 hl, soit en gros, une perte de moitié ; sur les chenins, autour de 30 % de baisse en vins de base pour le Crémant de Loire”, détaille Eric Laurent, l’œnologue maison. “Heureusement, c’est très sain, c’est même assez aromatique, ce qui est une bonne surprise”.
Reste désormais à évaluer les rosés, déjà bien entamés en grolleau, et juste commencés en cabernet. “Les premières pressées sont plutôt correctes en jus. On pouvait s’attendre à pire”, indique l’œnologue. “Même si sur certaines parcelles, on a vu des grappes avec de la peau et des pépins… et c’est tout”. Les rouges suivront toute fin septembre ou début octobre, en ayant peut être pu bénéficier des quelques averses qui ponctuent les journées de vendanges depuis le 22 septembre.