Demande consommateur
L’UFC Que Choisir s’attaque aux vins nature

Grâce aux dégustations d’un jury et aux analyses d’un laboratoire, la revue propose un guide d’achat de vins naturels afin de rendre plus transparente une catégorie toujours indéfinie.
« Beaucoup de lecteurs nous contactent pour que leurs achats aient plus de sens. Ils veulent des vins plus éthiques : bio, biodynamie, nature… Le problème, c’est qu’il n’y a pas de certifications pour les vins nature » explique à Vitisphere le journaliste Morgan Bourven, dont l’enquête « vins naturels : du raisin et rien d’autre, vraiment ? » vient d’être publié dans le numéro de mai de la revue Que Choisir (n° 580, actuellement en kiosque). Pour guider leurs lecteurs dans la niche des vins nature, la revue s’est basée sur la dégustation de 36 vins du Languedoc-Roussillon et de la vallée de la Loire*, par l’association Bien Choisir Son Vin (un jury de 30 amateurs, formés dans la région parisienne) et l’analyse chimique de ses échantillons (pour les composés d'intérêt œnologique, mais aussi les résidus de pesticides).
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Résultat, « nous avons eu de bonnes surprises. On partait inquiets dans ses dégustations, mais on ne s’attendait pas à atteindre une aussi bonne moyenne » rapporte Morgan Bourven. Qui souligne avoir dû former son jury à de nouveaux goûts : « les vins nature ont une rusticité marquée qui peut désarçonner ». Des défauts ont cependant été notés, comme des concentrations d’acide acétique rendant non marchand sur quatre échantillons languedociens. Les jurés ont également noté de fortes concentrations d’éthylphénol, mais « en aérant bien le vin, cela passe assez rapidement » évacue Morgan Bourver. Le journaliste est cependant moins tolérant sur les résidus phytos rencontrés dans certaines cuvées, témoignant de pratiques conventionnelles au vignoble. « On a trouvé des résidus dans tous les vins, dans 90 % des cas ce sont des traces. Mais certains se prétendant bio, ou le sous-entendant dans des articles et interviews, ont des concentrations de pesticides conventionnels qui ne trompent pas » regrette Morgan Bourver.
Si la niche des vins nature reste indéfinie officiellement, faute de consensus dans la filière vin, l’UFC Que Choisir estime qu’il s’agit d’un vin bio (pas toujours certifié), produit sans intrants œnologiques (notamment les sulfites, mais aussi les levures, etc). « On appelle à une définition officielle des vins nature. Pour répondre à la demande des consommateurs qui cherchent des vins plus propres. [Sinon,] certains sous-entendent être nature alors qu’ils ne le sont pas » note Morgan Bourver. Alors que les Fraudes interdisent l’étiquetage de la mention « vin nature » (la vinification n’étant pas un processus spontané), de nombreuses étiquettes s’y rattachent en jouant sur les mots (l’UFC Que Choisir épingle les cuvées Naturément de Monoprix, Cap Nature de Franprix, Réserve naturelle d’Auchan…). De quoi alimenter une prochaine enquête de la revue, qui prépare déjà son prochain article : une sélection de champagnes éthiques, pour répondre en fin d'année à la demande de bulles produites durablement.
* : Les deux vignobles étant considérés comme étant les plus dynamiques pour les vins nature.