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"Sustainable Wines"
Un tour du Nouveau Monde viticole en certifications durables

À l’occasion du salon Prowein, les labels et autres certifications de développement durable étaient mis en avant sur les stands américains, chiliens, néo-zélandais, sud-africains… Derrière le socle commun de validation extérieure des bonnes pratiques et du besoin de communication, on trouve des nuances dans les axes prioritaires et la volonté de fédération. Tous font de la "sustainability" une base d’accès aux marchés, mais pas une source de valorisation.
Par Alexandre Abellan Le 20 mars 2019
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Un tour du Nouveau Monde viticole en certifications durables
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éunissant du 17 au 19 février derniers les exposants du nouveau monde viticole, le hall 9 du salon ProWein attirait la foule des visiteurs en quête de volumes à prix abordables, mais aussi de vins certifiés durables. En plein développement dans le vignoble français (de Terra Vitis à la Haute Valeur Environnementale, en passant par Vignerons en Développement Durable et la norme ISO 14 001), ce concept s’est installé dans le nouveau monde viticole depuis quelques décennies, et s’affiche désormais toujours plus, le besoin de communication devenant crucial.

Multiples raisons

Revendiquant la première démarche de développement durable viticole au monde, le syndicat californien Lodi Rules a été créé en 1992 pour porter un cahier des charges qui se traduit depuis 2005 par la Lodi Rules Green Label Certification. « Ce programme est à l’initiative des viticulteurs. Il a d’abord été lancé pour améliorer les pratiques de traitements phytosanitaires et y intégrer davantage de raisonnements » explique Stuart Spenser, le directeur exécutif de Lodi Wines (réunissant 750 viticulteurs et 85 wineries).

En fonction des problématiques de chacun, le développement durable s’est implanté pour de multiples raisons dans les vignobles internationaux. En Nouvelle-Zélande, la démarche Sustainable Winegrowing New Zealand a été lancée en 1995 pour répondre « aux inquiétudes de l’époque sur les résidus de pesticides. C’était la raison négative, nous en avons développé une plus positive : s’orienter sur une production de vin plus proche de la nature afin de prendre position sur la qualité de nos vins » rapporte Philip Gregan, le PDG des New Zealand Winegrowers

Ensuite, on a touché à tout

Lancée en 1998, la démarche viticole Napa Green Certified (complétée en 2007 par celle en caves) avait pour sa part l’objectif de « répondre aux enjeux de l’érosion des sols. La rivière Napa ayant été identifiée pour sa trop grande concentration de sédiments dans ses eaux » explique Rex Stults, ​le directeur des relations avec la filière de Napa Green. « Au départ on s’est penchés sur l’érosion : sur la gestion des sols, leur couverture hivernale… Ensuite, on a touché à tout : les pesticides, la gestion et le recyclage de l’eau, de l’énergie… » rapporte Emma J. Swain, la PDG de St. Supéry Estate Vineyards & Winery (Napa Valley).

Reposant sur une trinité (la protection de l’environnement, l’équité sociale et la rentabilité des entreprises), le développement durable répond à des enjeux plus larges qu’une problématique de phyto ou de sols nus. Lancée en 2011, la certification Wine of Chile Sustainability l’illustre, avec son code de durabilité, quitte à sembler fouillis. « Dans notre cahier des charges, il y a un peu de tout. La question des pesticides concerne plutôt le bio. Nous avons l’objectif de conserver l’endroit où l’on est basé et où l’on fait nos affaires. C’est un respect de tout l’écosystème : des personnes, des plantes, des animaux, de la planète… » esquisse Benjamin Pollock, le responsable export des vignobles de la Siegel Family (Chili, 700 hectares certifiés durables dans la vallée de Coalchagua).

Bonnes pratiques

Concrètement, la démarche du Lodi Green Label se traduit ainsi par une centaine d’actions et pratiques conseillées : « on dit ce que chacun doit faire selon sa situation. S’occuper de son écosystème (en ajoutant des habitats pour la biodiversité, etc.), gérer son utilisation de l’eau (alors que l’irrigation est un défi vu la sécheresse californienne), développer la surveillance hebdomadaire des maladies (et mettre en place des seuils d’intervention)… » explique Stuart Spenser, pour qui le développement durable est l’antithèse de la viticulture biologique. « Il ne s’agit pas juste de "ne pas faire de mal",  comme en bio où l’on dit seulement ce qu’il ne faut pas faire » tacle-t-il.

Base de toute approche du développement durable, ou soutenable, le cahier des charges des pratiques et de leurs contrôles est basé sur le principe d’amélioration continue. Ce qui peut donner un positionnement élitiste à un cahier des charges. « On ne cherche pas 100 % de certification du vignoble et des vins de Lodi. Sinon cela voudrait dire que la démarche est trop facile d’accès » tranche Stuart Spenser, qui recense 19 000 hectares de vignes certifiées à Lodi (soit un quart de ce vignoble), sans compter 9 000 ha dans le reste de la Californie (approximativement 2 % du vignoble total). L’audit reposant sur contrôle documentaire annuel sur site.

Objectif 100 %

Jouant au contraire sur la mobilisation et l'inclusion de toute sa filière, la certification Napa Green s’est fixée pour 2020 de certifier 100 % de ses adhérents. « Lorsque que nous avons donné cet objectif, en 2014, nous étions à quasiment 50 % de certification. Désormais nous sommes à 70 % d’engagement » se réjouit le porte-parole du syndicat, Rex Stults. Pour obtenir le label Napa Green, un audit est réalisé sur place tous les 5 ans pour la partie vignoble et tous les 3 ans au chai. « À chaque fois, c’est plus difficile » témoigne la propriétaire californienne Emma J. Swain.
Témoignant de différences de philosophie selon l’histoire et la structuration de chaque vignoble, ces différents labels ont chacun leur place sur le marché pour les opérateurs américains. Il faut dire qu’en Californie, il existe aussi depuis 2003 le California Sustainable Winegrowing Alliance, fondée par l’Insitut Californien du Vin et l’Association des Viticulteurs Californiens et réunissant en 2018 1 400 vignobles et 143 wineries certifiés (soit 25 % du vignoble californien). Cette démarche s’exprimant par ses propres logos sur les bouteilles de vin.

Fusion des démarches australiennes

Face à la multiplication des labels, la question de les resserrer pour leur donner une meilleure lisibilité auprès des consommateurs se pose. Actuellement, deux labels coexistent en Australie : Entwine Australie (créé en 2009 par l’Institut Australien de Recherche sur le Vin, l’AWRI) et Sustainable Australia Winegrowing (initialement lancé dans la McLaren en 2011, et étendu depuis à toute l’Australie). D’après Wine Australia, l’ensemble représenterait 30 % des surfaces viticoles australiennes. « Il y a un projet qui devrait très rapidement voir le jour de fusionner les deux certifications pour n’en avoir qu’une seule, nouvelle » glisse Andreas Clark, le PDG de Wine Australia. Qui fait état d’une montée en puissance du développement durable auprès des metteurs en marché.

L’enjeu étant désormais de transmettre cet intérêt au grand public. « La compréhension de ces labels durables n’est pas aisée. Ils ne sont pas clairs pour les consommateurs. Le bio est une bien meilleure marque que le durable » pointe Philip Gregan. Qui souligne que si 98 % du vignoble néo-zélandais est certifié sous le label durable national, les 7 % certifiés bio captent plus d’attention. Et aussi de valorisation. « Il y a beaucoup d’intérêt dans les pays du nord de l’Europe pour ces enjeux environnementaux. Ils nous demandent tout le temps si l’on est durable, si l’on est bio, si l’on est commerce équitable… Le label durable est nécessaire pour accéder au marché, mais ça n’augmente pas le prix de vente » témoigne le chilien Benjamin Pollock.

Restauration de biodiversité valorisée sur l’étiquette

Affichant son positionnement élitiste, la certification de Lodi permet pour sa part d’obtenir un bonus payé par certaines wineries aux viticulteurs certifiés. Des opérateurs faisant de cette démarche un argument commercial et marketing pour les différencier auprès de leurs acheteurs. C’est le cas de la Lange Twins Collection of Family Wines, qui communique sur sa cuvée Sand Point d’une démarche de reconstitution d’un écosystème californien originel. « Nous avons arraché une vieille parcelle de vignes jugées inadaptées, pour la remplacer par un programme de restauration de biodiversité que nous valorisons sur l’étiquette » explique Joe Lange, le responsable de la communication du groupe californien.

Plus circonspecte d’un point de vue commercial, Emma J. Swain. rapporte que « le label ne m’aide pas à vendre davantage et plus cher. Mais c’est en ligne avec les attentes du consommateur, pour qui un agriculteur fait partie d’une filière verte. Il est important d’avoir une vérification extérieure pour rassurer nos acheteurs. Car beaucoup de personnes de la filière se disent écoresponsables, mais se contentent de recycler leur papier. Nous, nous appliquons de strictes règles de recyclage de nos déchets, nous produisons 80 % de nos besoins électriques avec des panneaux solaires.. »

Confiance consommateur

Existant depuis 2007 au Canada, le label Sustainable Winemaking Ontario label depuis 2018, la démarche est « encore embryonnaire, mais ça va prendre de plus en plus d’importance, car cela permet d’amener de la confiance au consommateur, qui cherche à être rassuré sur ce qui est affirmé » renchérit Sue-Ann Staff, la propriétaire de la Sue-Ann Staff Estate Winery (Ontario). Sanctionnée depuis 2017 par un audit annuel (auparavant il s’agissait d’autocertification), la démarche affiche depuis l’an dernier un label validant une démarche de réduction au maximum des intrants. « Je ne pense pas que la démarche durable coûte plus cher, elle permet au contraire d’économiser avec un moindre nombre de traitements » souligne le néo-zélandais Philip Gregan.

L’environnement est le volet facile en Afrique du Sud

Si les labels durables communiquent principalement sur leurs actions environnementales, le volet humain est plus prégnant en Afrique du Sud. Actuellement, deux labels certifient ces deux dimensions, car si « le sujet environnemental est sensible partout dans le monde, mais c’est le volet facile en Afrique du Sud » confie Maryna Calow, la responsable de la communication des Wines of South Africa. Lancés en 2013, les stickers Integrity Production of Wine (IPW) sont un label vert qui s’affiche sur 94 % des collerettes de vins embouteillées en Afrique du Sud (les numéros inscrits sur ce sceau permettant d’avoir sur internet les détails des pratiques de production).

Pour la durabilité sociale, l’Afrique du Sud a créé en 2002 la démarche Wine Industry Ethical Trade Association (WIETA), qui réunit actuellement 1 547 entreprises volontaires. En matière sociale, « notre pays a une histoire, avec l’apartheid et tout ce qui s’ensuit. Cette démarche s’attache à suivre les conditions de travail des employés. Un audit note de A à E la performance des entreprises selon la qualité du logement fourni, la possibilité de faire remonter des plaintes, la qualité de l’eau potable, le matériel de protection lors des traitements de pesticides… » liste Maryna Calow. « Il y a des enjeux, que nous ne nions pas, mais nous travaillons à les résoudre » conclut-elle. Soulignant que l’an prochain, le label WIETA pourra être apposé sur le sceau IPW, afin de donner plus de visibilité à cette démarche. Une structuration des certifications durable qui pourra s’afficher l’an prochain lors du salon ProWein.

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