« Le changement climatique est probablement le phénomène qui a actuellement le plus d’impact sur le vignoble » estime Paula Redes Sidore. Pour qui les solutions d’adaptation ne se trouvent pas forcément dans l’innovation technologique, mais dans la tradition viticole. La journaliste prend ainsi en exemple la technique ancestrale de mélanges de cépages dans les parcelles, issue de la complantation. « Cela permet de représenter la diversité du terroir, tout en donnant de la flexibilité au vigneron selon les conditions du millésime. C’est un filet de secours » souligne Paula Redes Sidore. Qui prend comme exemple le cas autrichien du Gemischter Satz, cuvée iconique du vignoble viennois.
Pour Stuart Pigott, l’adaptation au changement climatique peut se faire en regardant en arrière, mais aussi en regardant plus haut. « Dans tous les vignobles, il faut chercher de plus hautes altitudes, si l’on veut garder la fraîcheur et la légèreté de son style de vin » estime le critique anglais. Même s’il reconnaît que cette montée en altitude présente des défauts (sols pauvres, peu profonds et secs, faute de précipitations), il estime que les plus hautes altitudes permettent de réduire le risque au gel et aux maladies (grâce aux conditions venteuses).
La mode des cépages gamay et chenin blanc
« Le chenin blanc et le gamay sont les jumeaux les plus cool du XXIème siècle » pose Stuart Pigott. Entre l’émergence du gamay de l’ombre du Beaujolais nouveau et la mise en lumière du chenin blanc, ces deux cépages ne plus sous-estimés et méconnus, mais regagnent leurs lettres de noblesse. Le critique anglais rappelant son expérience d’un bar à vin new yorkais branché où la carte est essentiellement composée de ces deux cépages, les autres étiquettes étant réunies sur une page « ni chenin blanc, ni Beaujolais ».
Mis en lumière par des vignerons adoptant de plus faibles rendements, le gamay « se bonifie avec le réchauffement, ce cépage réussit toujours à avoir des degrés d’alcool modérés et à conserver son acidité. Tout le contraire du pinot noir » estime Stuart Pigott, pour qui le Beaujolais doit moins être comparé à la Bourgogne qu’à la vallée du Rhône. Porté sur les réseaux sociaux par le cri de ralliement « #chenincheninchenin », le cépage ligérien a « sa Jeanne d’Arc, la sommelière Pascaline Lepeltier » s’amuse Stuart Pigott, qui souligne que la vallée de la Loire est loin d’avoir le monopole du chenin blanc. L’Afrique du Sud peut proposer de très vieilles vignes qui donnent d’impressionnants résultats précise-t-il.
"Yes we can" : le développement des canettes
« Il faut prendre le vin en cannette comme un vin dans un nouveau format de contenant. La cannette en aluminium est une alternative, mais pas un remplacement de la bouteille en verre » prévient Paula Redes Sidore prenant un maximum de pincettes sur un sujet hautement iconoclaste. S’appuyant sur la dégustation d’un riesling allemand de Finest Food Factory et d’un pinot noir d’Oregon de l’Union Wine Company, la sommelière souligne que des domaines se positionnent sur la production de vins qualitatifs pour les cannettes.
Mais au-delà de la culture traditionnelle de la consommation du vin en bouteille, « les arguments contre les cannettes sont d’ordre environnementaux (notamment pour l’extraction de l’aluminium) » reconnaît Stuart Pigott. Mais « c’est une tendance qui se développe auprès des jeunes consommateurs américains, les millenials. Pour eux, l’avantage de la cannette est d’ordre pratique. Ils peuvent amener le vin là où il n’est pas attendu, ou même autorisé » s’amuse le critique. Pour les deux dénicheurs de tendance, les cannettes symbolisent la volonté des consommateurs de faire tomber le vin de son piédestal, de le rendre plus accessible et attractif.