btenue après les manifestations de mars à Narbonne et de mai au Boulou, la rencontre des syndicats viticoles languedociens avec le cabinet du ministre, qui devait se tenir lundi, a été déprogrammée par un simple mail. Un report pour la plus grande exaspération des vignerons du Midi. Il faut dire qu’initialement, « le ministère de l’Agriculture nous avait promis un rendez-vous avant les législatives. Maintenant on est reportés au 6 septembre » regrette Frédéric Rouanet, le président du syndicat des vignerons de l’Aude.
Demandant des gestes forts au gouvernement, la filière occitane prévoit donc de faire pression dans la rue. Une première manifestation se dessine dès la fin des vendanges, à la rentrée, dans l’Aude. La mobilisation devrait être suivie par d’autres rassemblements dans tout le Languedoc, à un rythme qui devrait être soutenu. Le syndicat audois doit tenir une conférence de presse dans en août pour préciser son plan d’action.


Appelant à une mobilisation rapide des pouvoirs publics, le viticulteur audois ne cache pas sa crainte de débordements dans le vignoble languedocien. « Il faut que la problématique viticole des importations soit davantage prise au sérieux. Quand les syndicats n’arrivent pas à obtenir des avancées, certains se révoltent tout seuls et ce n’est bon pour personne. »
D’après le syndicaliste, les cuveries languedociennes sont écrasées avant les vendanges par un million d’hectolitres de vins vendus, mais non retirés, et un million hl non contractualisés. « L’inquiétude est que ce stock fasse le lit des spéculateurs » rapporte Frédéric Rouanet. La petite récolte annoncée (11,6 millions hl, -6 %) pourrait bien rétablir les équilibres, mais la baisse des cours sur la dernière campagne vrac, malgré la sécheresse 2016, n’alimente pas l’optimisme.
Le gouvernement est prévenu, la rentrée viticole s’annonce chaude. Mais ne faites pas rimer la tension de 2017 avec la révolution de 1907. « Chaque période a son histoire, nos aïeux ont écrit la leur à leur manière, dramatique, nous écrirons la notre différemment » balaie Frédéric Rouanet. Travaillant depuis des mois avec de multiples opérateurs de la filière, le viticulteur se veut constructif avec un projet alternatif « faisable, qui ne coûte rien et n’est que réglementaire ». Ses quatre revendications vont de l’allégement des charges administratives, fiscales et environnementales sur les exploitations viticoles à la réglementation européenne en cas de surproduction de vin, en passant par la sortie du vin de la loi Évin et la création d’outils rendant complémentaires, et plus adversaires, les vignobles français, espagnols et italiens.
Demandant désormais des actions, le viticulteur précise que « tout n’est pas la faute du gouvernement », saluant les avancées (ouverture des États Généraux de l’Agriculture sur la marge de la grande distribution, lancement du premier comité mixte vitivinicole franco-espagnol…).