ans une province où la Génération Z est désormais plus nombreuse que les "Boomers", la Société des Alcools du Québec (SAQ) se devait d’évoluer avec son temps. Annoncée il y a quelques mois, l’arrivée des "mini agences" ce mois-ci marque un nouveau tournant dans l’histoire du monopole de vente de boissons alcoolisées. Expliquant que les Québécois ont désormais « un rapport différent avec l’alcool » et qu’avec l’évolution démographique les magasins du monopole « ne sont plus automatiquement sur le parcours » d’une clientèle plus jeune, la SAQ teste le concept de « mini agences » au sein de points de vente existants en milieu urbain. Les quatre premières agences proposent une offre restreinte, autour d’une trentaine de produits toutes catégories confondues. « Le but n’est pas de concurrencer avec les succursales, mais bien d’offrir au client une solution de dépannage », explique la SAQ à Vitisphere. « Les points de vente sélectionnés pour le projet pilote ont été identifiés en fonction de marchés sous exploités dans le Grand Montréal ».
Lancement à petite échelleLe concept sera testé avec différents partenaires et formats de magasins – disposant déjà d’un permis de vente d’alcool – et auprès de différents types de clientèle. L’objectif est « d’assurer son optimisation et sa rentabilité avant un déploiement à plus grande échelle », détaille la SAQ. Tout au long de la phase pilote, l’offre sera ajustée et personnalisée dans chaque mini agence et la pertinence des secteurs ciblés sera vérifiée. Si le concept donne les résultats escomptés, une centaine de mini agences pourrait voir le jour au cours de l’année à venir. Pour l’heure, ce projet est mené à petite échelle « pour en tirer des apprentissages », insiste-t-on à la SAQ. Même si l’initiative gagne en envergure au fil des mois, la gamme de produits proposés ne sera pas étendue mais plutôt affinée. En termes de modèle économique, les produits seront vendus aux détaillants à un prix inférieur pour que ceux-ci puissent les commercialiser au même positionnement qu’en succursale et se générer ainsi une marge bénéficiaire.
Accessibilité et spontanéité
L’objectif du monopole québécois est de s’adapter à de nouvelles habitudes de consommation et de cibler des clientèles qui ne fréquentent pas ses succursales. « Nos façons de faire doivent évoluer pour être plus en phase avec tous nos clients, ceux d’aujourd’hui et de demain, dans le but de demeurer performants à long terme », estime le PDG de la SAQ, Jacques Farcy. Notant que les consommateurs recherchent davantage d’accessibilité et de spontanéité avec des achats moins planifiés, le monopole constate également que « les Québécois n’échappent pas à la tendance mondiale de réduction de la consommation et cherchent de plus en plus des alternatives aux boissons alcoolisées ».
Dans ce contexte, la SAQ entend également répondre à un besoin croissant de commodité en démarrant un projet pilote de livraison en zone urbaine. Devant débuter ce mois-ci, le projet a finalement été reporté : « Nous avons entamé des discussions avec plusieurs plateformes [de livraison] mais notre choix n’est pas encore arrêté », précise encore la structure étatique. « Cela pourrait prendre plus de temps que prévu avant d’être concrétisé car nous tenons à bien structurer ce projet test avant son lancement officiel ». A terme, l’objectif est de proposer environ 150 produits en livraison par le biais de ces plateformes. Autre évolution au sein du monopole : la fermeture de certaines succursales, « qui ne sont plus localisées au meilleur endroit pour s’inscrire dans le parcours de magasinage des clients et donc ne connaissent pas l’achalandage souhaité ».
Des résultats en demi-teinte mais révélateurs
Les chiffres publiés par la SAQ début juin viennent appuyer la pertinence de cette orientation stratégique. Sur l’exercice 2024-2025, les ventes en succursales et dans les centres spécialisés accusent une baisse de 2,4 %, accompagnée d’un recul de 4,6 % en volume. À l’inverse, les ventes en ligne progressent de 2,6 %, tandis que le circuit des grossistes-épiceries enregistre une croissance notable : +9,7 % en valeur et +5,9 % en volume. Des résultats qui traduisent l’évolution des habitudes de consommation et qui valident une diversification des canaux de distribution en faveur de la commodité et de l’accessibilité.