e début de campagne 2025 tranche avec celui de 2024, et ce n’est pas pour déplaire aux vignerons de Bourgogne. A l’approche de la mi-mai, le vignoble se porte à merveille. « La vigne est vigoureuse, avec un joli vert, et la pousse, dans un premier temps hétérogène, commence à s'homogénéiser grâce aux excellentes conditions météos », se réjouit Grégory Viennois, consultant indépendant à Chablis. Partout en Bourgogne, le stade moyen va de 8 à 12 feuilles étalées et le premier relevage approche à grands pas. En avance, mais pas trop. « On est dans la dynamique d’un millésime comme 2018, remarque Benoît Bazerolle, d’Apex Conseil Viticole, à Beaune. Dans les secteurs les plus précoces, on pourrait voir les premières fleurs dès le 18-20 mai ».
Une fleur qui confirmera, ou non, un potentiel de production pour l’instant jugé globalement bon en chardonnay et moyen en pinot noir. « L’initiation florale s’est déroulée sous la météo chaotique du printemps 2024, ce qui a des conséquences sur le potentiel de 2025 », analyse Benoît Bazerolle. Ce à quoi il faut ajouter un phénomène de filage marqué, cette fois dû aux conditions de l’année. « La fraîcheur de début mai et la pousse rapide ont fait filer des épaules, voire des inflorescences entières. C’est très marqué cette année, en particulier sur pinot noir », remarque Enrico Peyron, conseiller viticole indépendant en Côte Chalonnaise. Pour autant, « pas de quoi s’alarmer à ce stade, car la vigne, si elle est en forme, pourra compenser par la suite. » D’autant que ni le gel, ni la grêle n’ont pour l’instant entamé ce potentiel.


Quant aux maladies, on est loin de la panique. « Le potentiel germinatif du mildiou est globalement plus faible qu’en 2024, et plus tardif », indique Benoît Bazerolle. Pour Grégory Viennois, « Contrairement à l’année dernière, les sols ont ressuyé et on trouve les bons créneaux pour traiter. Les viticulteurs arrivent au T2 ou au T3 et tout est sous contrôle ». Même si la vigilance est de mise. « On a détecté les premières tâches la semaine dernière, de manière très localisées, sur des plants ou dans des bordures », pointe Enrico Peyron. De même, la pression oïdium est « forte mais sous contrôle ». Côté ravageurs, les mange-bourgeons ont pu poser problème par endroits. « On a eu des noctuelles et des boarmies, et une présence significative de chenilles bourrues », observe Benoît Bazerolle, mais « pas de quoi justifier un insecticide en général ».
Autre atout du millésime naissant : le statut hydrique des parcelles. Pour tous nos interlocuteurs, il est excellent. « Les cumuls de 2024 ont rempli les réserves, tandis que le printemps, assez sec, a assaini les sols. Les textures sont magnifiques », s'enthousiasme Gregory Viennois. Surprise de l’année : des mouillères qui ont ressurgi dans des endroits inattendus. « On voit des sources qui se réactivent et qui affleurent dans des secteurs qui étaient drainants depuis des décennies! », s’étonne encore Enrico Peyron. « Dans ces zones, il faut être vigilant. Laisser un enherbement naturel se développer peut avoir un intérêt. »
"Les textures de sol sont magnifiques": Grégory Viennois.