e millésime 2024 bouscule la viticulture bourguignonne. Les pluies, abondantes et aléatoires, rendent ce début de saison imprévisible. « Au débourrement, nous avions deux semaines d’avance par rapport à la moyenne des 20 dernières années. Désormais, nous avons 2 jours de retard », résume Audrey Cellier, de la chambre d’agriculture de l’Yonne, le département de Chablis. Ici, le stade moyen atteint 7-8 feuilles, et la conseillère prévoit une floraison « à la fin de la première semaine de juin ». En Côte d’Or, Christophe Deola, directeur technique de la maison Louis Latour, fait le même constat : « On ne peut plus parler d’année très précoce comme 2018 ou 2020. On se rapproche plus de la base de 2023, soit dans la moyenne des dernières années. » Et de préciser que « les haut de coteaux ont un peu plus d’avance grâce à leur exposition favorable ». Une vendange début septembre se profilerait, même s’il est difficile de l’affirmer à ce stade.
Autre conséquence de cette météo orageuse : la difficulté à travailler les sols. Un aspect particulièrement marqué au sud, dans le Mâconnais, là où les cumuls les plus importants ont été observés. « L’herbe pousse vite et il peut être difficile de rentrer dans les parcelles. Certains vignerons ont été pris de court », témoigne Jérôme Chevalier, président de l’Union des producteurs de vins Mâcon. Avec, dans les cas extrêmes, des herbes dépassant la végétation. En Côte d’Or également, « beaucoup de viticulteurs n’ont pas pu désherber correctement », remarque Christophe Deola. « Ce qui entraîne une concurrence en eau, en azote, voire en lumière, et retarde d’autant plus la pousse. »
Dans ces conditions pluvieuses et enherbées, le plus préoccupant reste bien sûr le mildiou. « La pression s’est déclarée bien plus tôt que les saisons précédentes, et certains ont lancé leur protection dès début avril, à 2-3 feuilles étalées », rapporte Audrey Cellier. Dans le Mâconnais, « beaucoup ont déjà traité 4 à 5 fois, voire plus en bio », abonde Jérôme Chevalier. « Une opération d’autant plus compliquée que les fenêtres de tir sont rares ». Chistophe Deola remarque « plus de tâches que les années passées », mais rassure : « tout reste sous contrôle à ce stade ». Seules des pluies abondantes dans les semaines à venir pourraient faire basculer la situation, « avec un risque d’attaques sur grappes ». Point positif : « l’oïdium, qui n’aime pas les pluies, n’est pas virulent à ce stade ».
Lundi 20 mai, des orages ont survolé l’ensemble de la Côte d’Or, faisant plus de peur que de mal. Si la grêle a recouvert la ville de Dijon, elle a épargné l’ensemble des vignobles voisins, soit la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune. Dans ce secteur, le potentiel de récolte reste pratiquement intact à ce stade. « On craignait beaucoup le filage avec le froid et les gelées. Finalement, cela a concerné quelques ailes de grappes tout au plus », rapporte Christophe Deola.
Dans le Mâconnais, « on déplore malheureusement des dégâts de gel dans quelques villages de la vallée de la Grosne. Mais le vignoble dans son ensemble présente jusqu’ici un très joli potentiel », indique Jérôme Chevalier.