es ventes sont en baisse de 10 % en Champagne. Quel est l’état d’esprit des vignerons ?
Maxime Toubart, président du syndicat général des vignerons de Champagne: La baisse des ventes confirme que le champagne est un produit sensible à l’état d’esprit général. Le client traditionnel est toujours présent. Mais les circuits intermédiaires sont attentistes. Pour l’instant, le vignoble résiste mieux que le négoce car les vignerons sont surtout présents sur le maché français. La question est de savoir si nous vivons une petite crise ou une crise plus profonde, plus structurelle.
Le rendement autorisé pour la vendange 2025 devrait donc baisser ?
Oui. Le modèle de calcul du rendement repose sur la prévision des ventes. Tout le monde a compris qu’il baissera. Il est trop tôt pour savoir à quel niveau il sera fixé.
Avez-vous identifié des leviers pour redynamiser les ventes ?
Nous devons améliorer notre image auprès des jeunes consommateurs. Nous savons qu’aux USA, marché très important pour nous, une bouteille de champagne sur deux sert de base à un cocktail. Il y a des pistes à travailler sur ce terrain de la mixologie. Osons porter de nouvelles façons d’apprécier le champagne ! Il faut aussi se rapprocher des écoles de sommellerie. Et peut-être investir dans de nouveaux pays qui sont encore peu consommateurs, comme le Brésil ou la Thaïlande.
Où en est la Champagne dans son objectif de 100 % de vignes certifiées en 2030 ?
Nous restons calés sur cet objectif mais l’essentiel est que chacun enclenche des progrès qui viennent nourrir le collectif. La protection de l’environnement reste au cœur de nos préoccupations. Il faut aussi intégrer que des années compliquées comme 2024 puissent générer du doute et de la fatigue. Ce qui compte, c’est que nous avancions, avec quelques adaptions pour les secteurs difficiles.
La flavescence dorée se développe. Que comptez-vous mettre en place pour la contrôler ?
Nous communiquons et formons les vignerons à reconnaître les symptômes des pieds touchés. La seule solution à l’heure actuelle, c’est la prospection collective ! Cela demande de l’organisation et des contrôles. En 2024, 12 200 hectares ont été surveillés de façon collective, dont 8200 hectares de façon volontaire. A elles seules, ces prospections représentent 206 demi-journées de surveillance et permettent de couvrir partiellement 262 communes. C’est nécessaire, mais pas suffisant.
Vous travaillez à une réserve solidaire pour accompagner ceux qui arrachent…
Les vignerons qui arrachent pour cause de flavescence dorée peuvent déjà débloquer 9000 kg/ha de leur réserve, en cas d’arrachage de leur parcelle pour quatre ans, avec replantation la cinquième année. Nous travaillons sur une piste complémentaire, la réserve solidaire, où des vignerons pourraient donner des raisins à des collègues touchés par la FD. On espère aboutir sur ce dossier d’ici trois mois.
Quelle est la réaction des vignerons au choix du conseil d’administration de suspendre la révision de l’aire ?
Les vignerons sont satisfaits. Ils savent que la réussite de la Champagne repose sur une régulation assez stricte des rendements et des plantations. Nous ne voulons pas être un vignoble mixte et nous réclamons le droit de maîtriser nos plantations.