’est un véritable prêche contre la prestation de services dans le vignoble. Le Syndicat Général des Vignerons de Champagne tenant son assemblée générale ce jeudi 24 avril au Millésium (Épernay, Marne), l’Intersyndicat CGT des Salariés du Champagne annonce manifester pour porter ses revendications résumées dans 4 pages de critiques et propositions : " Champagne de luxe, précarité de masse ?" Consulté par Vitisphere, ce fascicule liste pour la CGT sept « pratiques patronales qui menacent notre modèle, nos métiers, notre région ». Soit les « sept péchés capitaux de la précarisation » de la filière champenoise pour le syndicat qui dénonce une stratégie de « réduction des coûts d’exploitation, externalisation des savoir-faire, industrialisation des process, blocage des salaires... et surtout, développement massif de la prestation de services ».
Ce dernier point cumulant plusieurs péchés capitaux pour la CGT, qui y voit une forme de « stratégie de mise en concurrence économique et sociale, au détriment des salariés » avec sous contrats de prestation « des femmes et des hommes maintenus dans l’invisibilité, exclus de la protection de la convention collective du Champagne, contraints à des conditions de travail indignes et rémunérés bien en deçà des minimas du secteur et parfois même non rémunérés » poursuit la CGT qui fait état de « milliers de salariés employés par des entreprises extérieures, pour certaines basées à l’étranger, intervenant dans les vignes, les caves, ou les services de production ».
Péchés capitaux…
Les autres critiques de la CGT concernent pêle-mêle la dégradation des conditions du travail à tous les postes (« de nombreux témoignages alertent sur des rythmes de travail de plus en plus difficiles à soutenir, le manque de matériel adapté, ou l'absence de respect de la santé physique et mentale des travailleurs »), les évolutions techniques (taille guyot, automatisation, mécanisation… « sans concertation avec les organisations syndicales de salariés »), la sous-valorisation des salaires (avec « le tassement de la grille de salaire de la Convention Collective du Champagne et par voie de conséquence la perte de pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés de la branche ») et les conditions d’hébergement des saisonniers (« un mode d’hébergement indigne s’installe : bidonvilles, campements de fortune en lisière de forêt, hébergement sous tente, logements insalubres, quand ceux-ci ne sont pas installés à plusieurs centaines de kilomètres… »).
… et vertus cardinales
En miroir, la CGT propose logiquement « 7 vertus cardinales », qui demandent la « priorité à l’emploi direct et local » en limitant le recours à la prestation de services, en améliorant les conditions de travail, la revalorisation des salaires, l’hébergement digne de tous les vendangeurs… Et, le retour à des pratiques culturales traditionnelles, avec l’interdiction par exemple des « vignes semi-larges dans l'AOC, synonyme de "prossécoïsation" ». Un véritable bréviaire.