nvités-surprise pour les 120 ans du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) : l’intersyndicat CGT du Champagne organise ce jeudi 11 avril dès 8 heures une manifestation devant le Millésium d’Épernay ou se tient l’assemblée générale du SGV pour clamer : « hébergement, traite d'êtres humains, décès, prestataires peu scrupuleux, des travailleurs non payés, mal logés, mal nourris... plus jamais ça. » Après des vendanges 2023 marquées par les drames de 5 décès, la CGT maintient la pression face aux annonces d’actions et réflexions du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC), les instances champenoises ayant ouvert de multiples chantiers pour que les 17 000 employeurs du vignoble améliorent les conditions des 120 000 saisonniers accueillis chaque année (assises de l’hébergement, guide d’accompagnement, mesures de prévention et de sécurité, charte de prestataires de services…) et prévoyant des décisions sur le recrutement, l’hébergement et la relation avec les prestataires de services (en juin prochain).
Annonçant que « plusieurs travailleurs sans papier, ayant été victimes de cet esclavage moderne, seront présents pour faire valoir leurs droits et les promesses qui leur ont été faites par les pouvoirs publics », la CGT dénonce des « dossiers bloqués depuis maintenant plus de 6 mois ». Le Comité Champagne répond auprès de Vitisphere que « face aux événements dramatiques et aux comportements scandaleux constatés lors des dernières vendanges, la filière s’est mobilisée dans les plus brefs délais pour répondre à l’urgence et traiter les problématiques de fond. Des enquêtes sont toujours en cours et permettront d’établir les responsabilités. En fonction des conclusions, le Comité Champagne se constituera partie civile. »


Demandant d’aller plus loin dans les actions et engagements dans un tract, la CGT semble estimer que les dérives ne sont pas ponctuelles, mais structurelles : « depuis de nombreuses années, certains employeurs décomplexés en Champagne n’hésitent plus à exploiter la misère humaine (française et étrangère) afin d’assouvir leur soif de rentabilité » avec la « volonté de s’affranchir de leurs obligations, leurs devoirs, dans un seul but "smicardiser" l’ensemble des salariés du Champagne. » Et l’intersyndicat prophétise que « les affaires sordides qui ont entaché les dernières vendanges : hébergements indignes, saisonniers exploités, mal nourris, pas ou peu payés et sans accès aux soins, risquent de se multiplier, maintenant, toute l’année, compte tenu de la reconnaissance des métiers en tension dans la viticulture » (par un arrêté du premier mars 2024).
Face à ces accusations frontales, le Comité Champagne répond par les propositions et la conciliation. « Depuis octobre dernier, nous sommes au travail et avons initié une réflexion globale sur l’emploi des travailleurs saisonniers pour élaborer un plan d’action court et moyen terme. Des premières avancées concrètes ont été partagées avec les parties prenantes, dont les organisations syndicales la semaine dernière » indique le CIVC, pointant que « nous partagerons les mesures qui seront finalisées pour cette vendange dans le courant du mois de juin 2024. Nous inscrivons la filière champenoise dans une démarche de progrès permanent pour continuer à s’adapter aux défis du travail dans les vignes. »
Mais la CGT n’a pas que les conditions de travail et d’hébergement des saisonniers dans le viseur, le syndicat militant pour des augmentations des salaires. « L’attractivité des métiers de la filière passe, entre autres, par la reconnaissance sous toutes ses formes, y compris financière » indique le tract pour le rassemblement de ce 11 avril. Action syndicale qui se finira par un barbecue, chauffé aux bougies d’anniversaire ?