es quatre axes de travail du Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne (CIVC) pour répondre aux drames des quatre hébergements insalubres et cinq décès de saisonniers ayant marqué la vendange 2023 ? « Des coquilles vides aux mesures non-contraignantes, répondant avant tout à préserver l’image du Champagne » tacle dans un nouveau communiqué au vitriol de l’intersyndicat CGT du Champagne, estimant que « pour que [ce plan] ne se cantonne pas à une profession de foi, il faut mettre en place une traçabilité de l'éthique sociale portant sur : la qualité de l'hébergement ; la qualité du recrutement ; les niveaux de rémunération et les conditions de travail. Tout manquement à cette nouvelle réglementation exposera l'exploitant viticole à des sanctions pouvant entraîner le déclassement partiel ou total de la récolte. »
Partant du principe que la tension sur les recrutements viticoles est une « pseudo-tension sur le métier » liée à un manque de valorisation, le syndicat préconise d’« abolir le travail à la tâche (qui condamne de facto les vendangeurs à des cadences et amplitudes de travail élevées quelles que soient les conditions climatiques) et augmenter les salaires des vendangeurs rémunérés à l'heure, imposer des règles exigeantes en matière d'amélioration des conditions de travail visant à protéger la santé et la sécurité des vendangeurs*, maintenir les indemnités aux chômeurs pour inciter la population des sans-emploi locaux à venir faire les vendanges, prendre en charge le transport, inclure le délai de route dans le temps de travail effectif, l'hébergement ainsi que la nourriture des vendangeurs… »
Concernant les logements des vendangeurs pour les domaines ne pouvant les accueillir, la CGT propose « de mettre en place un partenariat avec les communes viticoles pour ouvrir à la location des bâtiments ou terrains viabilisés publics et/ou privés, inutilisés pendant la période des vendanges (chambres d'hôte, gîtes, salles des fêtes, installations de mobile-homes , caravanes…) ». Jugeant que la « gestion des vendanges [par] des prestataires de services [est la] déclinaison champenoise de l'ubérisation du travail », la CGT critique logiquement la création d’une charte de prestataires de services qui « ne suffira pas à répondre aux exigences légales et sociales, car elle ne serait aucunement contraignante ». En témoigne l’exemple à Bordeaux. « Par conséquent, nous préconisons que la création d'une société de prestations de services soit subordonnée à une réglementation contraignante : un agrément, un diplôme d'État certifiant des connaissances juridiques et sociales… » avance la CGT, qui estime que le « législateur doit fixer de nouvelles obligations précises aux employeurs, comme des seuils réglementaires d'exposition à la chaleur, d'autant plus que le problème risque d'empirer à l'avenir ».
Rejetant « une campagne de communication visant à faire oublier la triste actualité et les scandaleuses pratiques de ces dernières vendanges et à préserver les ventes de fin d'année », la CGT propose la tenue « de véritables états généraux des vendanges » pour que les syndicats de salariés puissent participer aux futurs travaux, alors qu’ils n’ont pas été « reçus par le préfet en même temps que la représentation patronale pour faire un premier bilan de cette scandaleuse vendange ».
* : Ainsi que des « mesures de bon sens, non exhaustives, telles que mise à disposition de barnum, d'eau fraîche et potable, brumisateur d'eau minérale, vaporisateur d'humidification, lunettes de soleil, crème solaire, couvre-chef protégeant la nuque… » liste la CGT.