Le contexte incertain ne doit pas freiner nos efforts. Notre avenir passe par la transition environnementale », insiste Patrick Léger, co-président de la commission technique et développement durable du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). Ce 7 avril, la deuxième édition des rencontres de l’innovation durable coorganisée avec Innovin dans le nouvel espace de réception du constructeur Grégoire, à Châteaubernard (Charente) a donc pour thématique la certification environnementale Cognac (CEC), réformée en 2024 pour concerner 100 % de la surface du vignoble en 2028*. Une ambition de 100 % de surfaces certifiées en CEC ou en autres certifications reconnues de niveau 2 par le ministère de l'Agriculture (comme Terra Vitis) ou labellisées Haute Valeur Environnementale (HVE) ou Agriculture Biologique (AB).
Parmi ses cinq objectifs, les organisateurs ont mis l’accent sur la qualité de l’eau, de l’air, et des sols, et le pilotage de l’approche restrictive des traitements phytosanitaires. Jean-Baptiste Morineau et Antoine Giudicelli, du département viticulture durable au BNIC, et Matthias Boulet-Martinez, ingénieur data, sont les premiers à intervenir. Ils font la démonstration à la centaine de viticulteurs présents du logiciel de cartographie créé par l’interprofession pour aider chaque exploitation à identifier et respecter les zones de non traitement (ZNT) près des cours d’eau, fossés, et zones humides, et les distances de sécurité riverains (DSR). Ils rappellent ensuite à l’assemblée comment traiter les effluents phytosanitaires et organiques de manière conforme à la réglementation.
Vient le tour de Christophe Gaviglio, ingénieur pour l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), qui explique à ceux qui tentent de remplacer le désherbage chimique par le désherbage mécanique comment optimiser le nombre de passages d’outils sans se laisser déborder par les couverts végétaux et voir leur rendement chuter. Nadège Witczak, conseillère agroenvironnement à la Chambre d’Agriculture de La Rochelle, enchaîne en présentant les aides financières proposées par l'agence de l'eau Adour-Garonne pour acquérir des aires de lavage des machines à vendanger, ou du matériel de stockage (géomembrane, citernes, etc.) des effluents organiques, et celles disponibles dans le cadre du plan végétal environnement (PVE) du Plan pour la compétitivité et l'adaptation des exploitations agricoles (PCAE) de la Région Nouvelle-Aquitaine pour des outils d’épamprage mécanique, de désherbage… contribuant à la réduction de l’utilisation de pesticides, de fertilisants minéraux, ou à un meilleur usage de l’eau. « Le prochain appel à projets est attendu cet automne », indique la conseillère. Nadège Witczak ne sait en revanche pas si FranceAgriMer ouvrira un guichet destiné à aider l’achat de matériel de pulvérisation performant en 2025.
Les rencontres de l’innovation se poursuivent avec la présentation par Adel Bakache, conseiller en agroéquipement pour la Chambre d’agriculture de Gironde, de la nouvelle plateforme "Mon réglage pulvé" sur laquelle l’utilisateur retrouve tous les outils de calcul nécessaires au bon réglage des pulvérisateurs.
Xavier Burgun, ingénieur à l’IFV, clôt la série d’interventions en présentant les résultats du programme « Luma » piloté depuis 2022 par l’association Imagine Cognac, visant à évaluer sur 24 parcelles un itinéraire de protection du vignoble se basant uniquement sur l’utilisation de soufre mouillable, de phosphonates, de bicarbonate de potassium, et d’huile essentielle d’orange douce pour lutter contre le mildiou, l’oïdium, et le black-rot. « En 2024, année à pression mildiou extrême, où la récolte a souvent été détruite à 100 % dès le mois de juillet sur les témoins non traités, la combinaison de ces produits a montré en moyenne 90 % d’efficacité, 80 % contre le mildiou et près de 100% contre l’oïdium et le black-rot. » Xavier Burgun note aussi que l’utilisation exclusive de produits de biocontrôle ou de produits utilisables en AB n’augmente pas le nombre de passage et n’entraîne qu’un léger surcoût des traitements (42€/ha). L’ingénieur conclut en annonçant que les essais vont se poursuivre en incluant de la prophylaxie et de nouveaux indicateurs de risque, « comme des capteurs de pousse, pour mieux gérer le positionnement des traitements. »