es 35 ha de vigne du château Laroche, à Tauriac dans le bordelais, sont depuis toujours le terrain de jeu de Léa de Onffroy. Installée depuis 2021 sur la propriété familiale, elle a pris en charge la partie viticole. « Après avoir vécu 2023 et 2024, où nous avons eu du gel, du mildiou et des vers de la grappe, j’espère que le millésime 2025 sera plus clément », confie la vigneronne de 26 ans. Mais pas de quoi remettre en cause une vocation née dans l’enfance.
Après une école d’ingénieur agricole, elle s’installe aux côtés de son père Roland sur le domaine familial, acquis en 1994 par son grand-père. Son frère Mathieu les rejoint deux ans plus tard après une école de commerce. « Nous sommes trois associés aux profils complémentaires, présente Léa. Mon père et moi faisons les vinifications. J’ai repris aussi la partie vigne depuis deux ans tandis que mon père gère les relations avec la grande distribution – Carrefour est notre principal client depuis 30 ans. Mon frère s’occupe du marketing et des autres marchés. » Deux salariés permanents et trois saisonniers complètent l’équipe.
En près de trente ans, la surface n'a augmenté que de quelques hectares mais les pratiques ont beaucoup évolué. « Nous ne désherbons plus que sous le rang, nous avons réduit les traitements phytos et nous utilisons plus de biocontrôle », illustre Léa. Le domaine est certifié HVE pour répondre aux exigences de la grande distribution.
Les vignes, en AOC Côte de Bourg et AOC Blaye Côte de Bordeaux, se répartissent entre un îlot principal d’un peu moins de 10 ha proches du château et de petites parcelles dispersées. Les sols argilocalcaires sont plantés principalement de merlot, cabernet sauvignon et malbec. Les rouges constituant la quasi-totalité des 220 000 à 240 000 cols annuels. Le château Laroche ne produit qu’un blanc, un Côte de Bourg 100 % Sauvignon blanc et un rosé certaines années.
« Nous essayons de nous adapter aux goûts des consommateurs, reprend Léa. Nous allégeons le côté boisé des rouges pour avoir des vins structurés sans sécheresse. Nous avons aussi sorti des cuvées 100 % malbec et 100 % cabernet sauvignon, un peu plus haut de gamme qui fonctionnent très bien. Et nous venons de sortir un rouge à servir frais à 12°C léger, sur le fruit, facile à boire. C’est un premier test, avec moins de mille bouteilles, pour toucher de nouveaux consommateurs. »
Car LE gros souci est le marché. Le réchauffement climatique pèse sur les rendements et fait grimper les charges à la vigne comme au chai - les raisins nécessitant davantage de protection. « On peut toujours s’en sortir si on a des marchés, mais ceux-ci sont de plus en plus réduits, constate Léa. Il y a eu le Bordeaux bashing, puis la déconsommation de vin est devenue générale. Nous travaillons toujours bien avec la GD mais les consommateurs font attention au prix, alors nous devons proposer des promotions attrayantes qui rognent un peu nos marges. Nous essayons de nous diversifier, de tenter des choses… jusqu’à arriver à court d’idées. »
Quand d'autres réduisent leur surface faute de débouchés, le château Laroche campe sur ses 35 ha. « Tant que nous vendons nos vins et n'avons pas de stocks, nous n'avons pas de raison de diminuer notre surface, partage Léa. La question se posera si nos ventes déclinent. » Tout est mis en œuvre pour ne pas en arriver là.
Les trois associés ont prévu de planter l'an prochain des chardonnays sur l'une de leurs meilleures parcelles, pour faire un vin de France. « Nous réfléchissons aussi à un autre cépage rouge, peut-être de la syrah, indique Léa. Pour les consommateurs, l’AOC peut être un concept flou : nous sommes convaincus que la notion de cépage est au moins aussi porteuse. »