es manifestations agricoles ne vieillissent pas comme le bon vin en Gironde. Un an après les mobilisation de l’hiver 2024, « un élu Jeune Agriculteur, agissant au nom et pour le compte du collectif, est poursuivi en justice, au titre d’une responsabilité individuelle injustement imputée » dénonce un communiqué du syndicat des Jeunes Agriculteurs de Gironde (JA33), évoquant les actions de dérayonnage « des 7 et 9 mars 2024 [pour] dénoncer les prix destructeurs pratiqués par certaines enseignes, notamment la vente de bouteilles de vin de Bordeaux à moins de 3 €, un prix inférieur au coût de production, mettant en péril des milliers d’exploitations viticoles girondines ».


Animant de nombreuses actions en mars 2024, les bas prix ont conduit les manifestants sortir les tracteurs et les bouteilles dont les prix ne correspondent pas aux coûts de production du vin (pour remplir des caddies et marquer les étiquettes). Le tout dans une ambiance plutôt bon enfant, avec beaucoup d’échanges entre manifestants et représentants des enseignes (directeur de magasins, responsables de rayon…). Défendant des actions « sans aucune violence ni dégradation avérée », les JA33 voient dans cette action une « tentative d’amalgame entre une action revendicative, symbolique et réversible, et des actes de dégradation volontaire qui, juridiquement, supposent un dommage grave et irréversible ».
Une procédure étant en cours, l’éleveur bovin Cédric Pointet, président des JA33 et deuxième vice-président de la Chambre d’Agriculture de Gironde, s’en tient à ce qui est écrit dans le communiqué et ne communique ni le nom du vigneron poursuivi (tout juste sait-on qu’il est membre du bureau des JA33) ni de l’enseigne ayant déposé plainte (plusieurs étaient visitées : Lidl, Aldi, Leclerc…). Cédric Pointet précise qu’il n’y a jamais eu de dégradation irréversible lors des actions syndicales, la seule bouteille cassée lors d’une mise en caddy ayant été réglée, comme une bouteille marquée par inadvertance alors qu’elle coûtait plus de 3 €.


Cette procédure est la deuxième à viser des actions menées lors des manifestations viticoles de l’hiver 2024. Le négoce Castel a porté plainte l’an passé pour demander 100 528 euros de réparation aux deux syndicats agricoles (FDSEA et JA) et au collectif Viti 33 ayant manifesté devant son siège de Blanquefort le 28 février 2024. Les tentatives de conciliation ayant échoué, la procédure judiciaire suit son cours à Bordeaux. Mais au civil, contrairement à la procédure contre le jeune viticulteur, qui se tient au pénal.
Exemple de caddie constitué fin mars dans un Auchan bordelais.