lors ce salon ProWein ? En format réduit, mais pas en petite forme : le rendez-vous de Düsseldorf témoigne de sa capacité à toucher les acheteurs d’Allemagne, du Benelux, d’Europe de l’Est, de Scandinavie… Des destinations aussi matures que compétitives, mais à choyer vu les menaces planant sur le grand marché export que sont les États-Unis. Le rêve amer ricain… Dans les allées de Düsseldorf, on pouvait entendre débattre pour déterminer si les 200 % de taxes annoncées par le président Donald Trump constituent un simple coup de bluff pour négocier en position de farce avec l’Union Européenne ou s’il y a une vraie menace allant s’abattre à plus ou moins court-terme sur les vins et spiritueux français : marché ou crève ?
Si l'Union Européenne fait un premier pas d'apaisement, encore à concrétiser, dans tous les cas, le risque pèse : sa simple ombre suffit à stresser les marchés. Acheteurs ou vendeurs, ceux qui ont des containeurs sur les flots serrent les fesses : arriveront-ils avant le couperet des taxes ? Ceux qui devaient envoyer des palettes ont déjà vu leurs commandes suspendues : avant même l’annonce officielle d’une mesure de droits de douanes, les expéditions sont gelées. Et les représentants de l’industrie américaine appellent à la prudence préventive. Expédier des vins qui seront invendables à leur arrivée par le triplement de leur prix est un risque que personne ne veut assumer. La seule certitude reste l’aversion des marchés à l’incertitude…
Ce que la brutalité commerciale du président Donald Trump a bien en tête : tapant là où elle sait que ça fait mal. On peut parler d’US et coutumes après la mauvaise expérience des taxes Airbus de 2019-2021… Mais on peut aussi constater que les vins et spiritueux ne sont pas les chouchous de Bruxelles : le scénario se répétant... Américaines comme chinoises, les taxes ciblent les vignobles français pour des conflits européens. De quoi se demander s’il y a une incompréhension, naïve pour être poli, par Bruxelles et Paris de l'importance économique et la fragilité de la filière des vins et spiritueux, ou si le bâton est tendu pour battre une filière faisant opportunément paratonnerre pour d'autres industries européennes… La seule façon de dissiper cette crainte montante dans le vignoble est de sortir les vins et spiritueux de ces engrenages moins diplomatiques que pugilistiques. Que les opérateurs, exportateurs ou non, puissent se concentrer sur le combat quotidien de la conquête de parts de marché. Ce qui demande une mobilisation assez éprouvante pour ne pas se lancer sur le sentier d’une guerre commerciale sans raison.