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Les vignes en friche passibles de 1 500 € d’amende pour stopper l’"hémorragie de l’appauvrissement"
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Pour les députés
Les vignes en friche passibles de 1 500 € d’amende pour stopper l’"hémorragie de l’appauvrissement"

Les députés valident la création d’une contravention devant pousser les propriétaires de vignes abandonnées à les arracher avant de passe à des sanctions plus lourdes. Devant être étudié en procédure accélérée au Sénat, le texte aura permis à l’Assemblée et au gouvernement de répéter leur attachement et leurs soutiens à la filière vin.
Par Alexandre Abellan Le 07 mars 2025
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Les vignes en friche passibles de 1 500 € d’amende pour stopper l’
Face à la flavescence dopée par les vignes abandonnées, les députés veulent tenter de faire payer les friches. - crédit photo : Alexandre Abellan
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tudiée ce jeudi 6 mars en fin de la journée réservée au Mouvement Démocrate (MoDem), la proposition de loi visant à "instaurer un dispositif de sanction contraventionnelle pour prévenir le développement des vignes non cultivées" est adoptée sans un pli (83 voix sur 87 votants). Elle est rebaptisée au passage comme loi "visant à instaurer des sanctions adaptées et proportionnées pour prévenir le développement des vignes non cultivées" afin de mieux retranscrire sa portée selon son rapporteur et promoteur, le député Hubert Ott (Haut-Rhin, MoDem). L’élu alsacien défendant dans l’hémicycle une mesure d’urgence contre la prolifération de la flavescence dorée dans le vignoble* en adoptant une mesure-outil demandée par le vignoble (et notamment la Confédération Nationale des Vins AOC, la CNAOC).

« Les sanctions qui existent aujourd’hui paraissent totalement injustifiées et disproportionnées. La peine délictuelle, jusqu’à 6 mois de prison et 150 000 € d’amendes, […] n’est que rarement appliquée et suivi d’effet, donc quasi inopérante » explique Hubert Ott. Le rapporteur défendant un changement de logiciel avec une sanction plus graduée : « une infraction de cinquième classe, soit 1 500 € (3 000 € en cas de récidive), qui s’avérera dissuasive et réglera un grand nombre de situation. Pour les récalcitrants manifestes, une nouvelle mesure de police consistant à enjoindre le propriétaire à agir est créée. Si le propriétaire ne se conformait pas à l’injonction dans le délai laissé, il pourrait alors être passible d’une sanction de nature délictuelle. »

Arsenal juridique

Une nouvelle approche qui semble faire consensus, des bancs du gouvernement à ceux des députés. La contravention permettra d’accélérer le traitement des dossiers, avec une réponse simplifiée par étapes : « injonction, contravention et éventuellement procédure pénale » résume la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, estimant qu’« il est impératif d’adapter notre arsenal juridique, à plus forte raison quand ces modifications nous sont instamment demandées par les filières et soutenues par l’État ». Pour le député Guillaume Lepers (Droite Républicaine, Lot-et-Garonne), il est bien « temps de changer de logique » et de « passer d’une approche punitive à une approche incitative. Ce texte ne cherche pas à sanctionner à tout prix, il vise à responsabiliser les propriétaires de vignes et à les encourager à adopter les bonnes pratiques de lutte » avec une « mesure intermédiaire plus juste, plus facilement applicable et plus dissuasive ».

Aller plus loin

Seules dissensions en vue, celles des députés de la gauche appelant à aller plus loin qu’une simple contravention pour lutter contre la flavescence dorée et à protéger les viticulteurs démunis. Contre la maladie de quarantaine, « la solution doit être collective, et à tous les échelons » avec des traitements à l’eau chaude généralisés en pépinière, des moyens humains supplémentaire pour la prospection et la détection des symptômes esquisse le député Sylvain Carrière (La France Insoumise, Hérault). « Imposer des contraventions ne sera pas la solution au problème qui est l’appauvrissement généralisé des petits viticulteurs, obligés de s’endetter toujours plus » lance l’élu languedocien, qui demande des prix garantis par l’État pour réinvestir dans les vignes et leurs emplois : « rendre attractive la profession fera revenir des agriculteurs aux champs et supprimera assez naturellement des vignes en friche. La carotte plutôt que le bâton. Nous voterons ce texte, sans conviction, en espérant que ce texte n’aggrave pas la situation des petits producteurs. »

 « La veille sanitaire ne peut se résigner à des sanctions, surtout pour une filière en crise » plaide également la députée Pascale Got (Parti Socialiste, Gironde), pointant que « les raisons des vignes en friche sont diverses : souvent des abandons de fermage, des problèmes juridiques de succession, des réductions de taille de propriétés… » Regrettant que les amendements défendus et adoptés en commission pour que « la contravention soit le dernier recours (quand on a fait connaître les solutions existantes pour financer l’arrachage) » soient retirés dans l’hémicycle, la députée Mathilde Feld (LFI, Gironde) répète souhaiter que « la contravention ne devienne pas un fardeau » pour les plus démunis, notamment à Bordeaux. S’abstenant, la députée bordelaise pointe que dans un contexte de crise viticole, « cette proposition de loi avec un article unique paraît bien mince. Néanmoins elle répond aux attentes d’une partie de la filière (CNAOC, Organismes de Défense et de Gestion…). »

Cette proposition de loi ne saurait suffire 

Au-delà du consensus sur l’évolution nécessaire de l’incitation à l’arrachage des friches viticoles, les débats se sont également accordés sur l’ampleur des difficultés frappant la filière vin. « Notre seul objectif, partagé ici sur tous les bancs est de permettre à nos vignobles de se défendre des menaces sanitaires qui, additionnées aux menaces économiques, commerciales, climatiques, sociales constituent un danger parfois mortelle » résume le député Maxime Michelet (Union de la Droite Républicaine, Marne), notant que « cette proposition de loi ne saurait suffire face aux autres défis » et proposant de « se libérer des excès et contraintes face aux maladies de la vigne » en appuyant la recherche : « pas d’interdiction sans solution, mais pas de solution sans R&D ».

« J’ai bien conscience de l’état dans lequel se trouve le vignoble aujourd’hui » réplique Hubert Ott, le rapporteur pointant que « la crise est multifactorielle et nécessite que l’on s’y penche profondément, sérieusement et sans doute collectivement pour travailler aux mesures nécessaires. » En attendant, ce premier texte doit « répondre à une situation précise que je qualifierai d’hémorragie de l’appauvrissement. Cette flavescence dorée contribue à rendre plus difficile le travail des viticulteurs face à la crise. »

La viticulture fait l’objet de tous les soins du gouvernement

Validant le diagnostic de crise multifactorielle (climatique avec les aléas croissants, commerciale avec la surproduction de vins rouges…), la ministre Annie Genevard défend l’action de l’État qui « a engagé près d’un milliard € pour la filière » (plans de distillation de crise, de stockage privé, d’aides après gel/grêle, de fonds d’urgence, d’arrachage définitif, de soutien des trésoreries…). En somme, « la viticulture fait l’objet de tous les soins du gouvernement ». Ce dernier a d’ailleurs activé la procédure accélérée (limitant à une lecture le texte à l’Assemblée et au Sénat), ce qui doit permettre de réduire la durée du processus législatif (de 18 à 4 mois en moyenne). La proposition de loi doit désormais être étudiée par le Sénat.

 

* : « Tous les efforts [contre la maladie de quarantaine] peuvent être réduits à néant par la présence de friches non cultivées. Les friches sont des foyers à cicadelles et favorisent d’autres maladies cryptogamiques (mildiou, black-rot…) » pointe Hubert Ott, citant les études de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV).

 

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Tous les commentaires (4)
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augustin Le 11 mars 2025 à 10:35:20
Non Mme genevard , contrairement à ce que vous proclamez, la viticulture ne bénéficie pas de toute l attention du gouvernement !!! l intérieur et ses préfets sont mollement engagés ... la justice n à pas les moyens au niveau des procédures collectives et des greffes spécialisés...tant en tc que en tj ... bercy ne mets pas la pression sur les banques concernant le déploiement à marché forcée des prêts genevard ... et enfin le commerce exterieur se contente de nous rappeler le prix des stands pour les prochains vinexpo ... c est un peu juste aurait dit cyrano de Bergerac ! il va falloir changer de braquet avant la récolte 2025 sinon c est un des principaux contributions à la balance commerciale de notre pays qui va basculer ... pendant que l Italie et l Espagne plus quelques acteurs de l hémisphère dud prendront notre place tant en linéaire que sur les cartes des sommeliers . Arrêtons les incantations relatives aux centaines de millions de subventions éventuellement versées et travaillons plutôt sur la restructuration de la dette ou l organisation d une promotion stratégique à l international .A quand Mme genevard à Rio ou à Mumbai ???
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tcr Le 07 mars 2025 à 14:55:24
Une seule et unique question messieurs les senateurs pourquoi y a t il des terrains en friche Comment etre bio et tuer les cicadelles africaines Jacosba sans produit phyto existant Comment payer une taxe supplementaire sans pouvoir payer les taxes foncieres Comment resoudre le probleme de la consommation qui est le seul vrai probleme Comment resoudre le probleme du fermage qui ne permet pas de virer le fermier qui ne pourrait pas payer Comment faire avec une retraite de conjoint collaborateur de 400 euros par mois La diminution des surfaces viticoles est effevtivement une partie des solutions Une prime a hauteur de 15000 euros un cout de plantation 35000 a minima Il manque des produits amande huile d olive Gerons les marches Qui fera vraiment avancer les choses quitte a replanter si le marche se retourne. En1950 environ 120 litres de vin consomme E. 2025 environ 30 a 35 litres Ou est le probleme de la friche Messieurs les depites merci messieurs les senateurs reflechissez Dans cette vue globale bien sur il y aura toujours des gens qui s en sortiront Messieurs les senateurs messieurs les deputes reflechissez parce que ce n est vraiment pas evident
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Renaud Le 07 mars 2025 à 08:02:07
Enfin un outil pour agir. Ceci dit pour tout ceux qui pensent que la gauche et la droite sont identiques. Voilà un bel exemple du contraire. La droite dans son obsession règlementaire veut contraventioner les propriétaires alors qu'ils sont victimes de la situation ( perte du fermage, du fermier et aujourd'hui de leur patrimoine). La gauche voulant aussi agir pour l'intérêt général ne s'y est pas trompée. Et demande des solutions de sortie du blocage avant toute contravention. Que LFI protège les propriétaires me fait sourire, comme quoi ils ne sont pas si dogmatiques. Un détail d'un filière opposant réactionnaires et progressistes.
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André Baniol Le 07 mars 2025 à 07:12:03
Il faut d'abord et avant tout prendre conscience de l'effondrement présent et à venir de nos ventes de vins et lancer une nouvelle vague de prime d'arrachage définitif assez attractive pour permettre à tous de sortir du jeu sans être ruinés. C'est aussi utile pour ceux qui continueront sur des territoires et des marchés assainis
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