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L’aire AOC Champagne suspendue à la régulation des vignes sans IG
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Coup de frein
L’aire AOC Champagne suspendue à la régulation des vignes sans IG

Affirmant être maître chez lui, le syndicat général des vignerons champenois ne veut pas de mixité avec des vignes non-AOC et met en pause le projet de délimitation parcellaire tant qu’il n’aura obtenu l’étanchéité avec les nouvelles vignes sans indication géographique. En un mot : leur interdiction.
Par Alexandre Abellan/Aude Lutun Le 28 février 2025
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L’aire AOC Champagne suspendue à la régulation des vignes sans IG
Si Balzac écrivait qu’« un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès », les vignerons de Champagne ne veulent ni l’un ni l’autre et défendent les spécificités de leur modèle gagnant. - crédit photo : Adobe Stock (Nicat) généré avec IA
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top ou encore ? Stop ! Ce jeudi 27 février, le conseil d’administration du Syndicat Général des Vignerons de Champagne (SGV) vote à 90 % la suspension du chantier de délimitation de l’aire AOC Champagne en tant qu’Organisme de Défense et de Gestion (ODG). Il ne s’agit pas d’un arrêt définitif, mais d’une demande d’interruption temporaire dument transmise à l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) pour être en vigueur tant que le SGV n’aura pas obtenu d’assurances politiques sur l’arrêt sur sa zone de production AOC d’autorisations de plantation nouvelles en Vins Sans Indication Géographique (VSIG). « Pas de révision de l’aire d’Appellation Champagne sans maîtrise des plantations » résume dans un communiqué le SGV, qui « attend de Bruxelles et de Paris une évolution des règles européennes [pour avoir] tous les moyens de réguler les plantions nouvelles sur les surfaces présentes et futures de l’AOC ».

« Nous sommes responsables devant les générations futures de l’intégrité de notre appellation » pose Maxime Toubart, le président du SGV, pointant que « nous avons donc en conscience pris la décision de suspendre ce chantier tant que nous ne serons pas sûrs de garder la main sur nos outils de régulation qui ont fondé notre réussite depuis des décennies. » Une fenêtre législative pourrait s’ouvrir dès ce mois de mars avec la proposition attendue par la Commission Européenne d’un paquet de mesures spécifiques au secteur vitivinicole, s’inspirant des conclusions du Groupe à Haut-Niveau sur les politiques vitivinicoles européennes, qui proposait en décembre que « les États membres puissent réduire la superficie libérée par de nouvelles autorisations plantations autorisations [de +1] à 0 % au niveau national, régional ou d'une indication géographique, y compris pour les régions bénéficiant d’un arrachage ou d’une distillation de crise, ou dans d'autres cas dûment justifiés ».

Principe fondateur

Fixées depuis 2017 à un minimum de 10 ares par an, ces autorisations de plantation nouvelles inquiètent l’ODG qui n’a pas de visibilité sur leur mise en place : « la filière Champagne n’a pas d’autre choix que d’autoriser chaque année la plantation de nouvelles vignes dédiées à la production de VSIG (ex-Vin de table), dont on ne connait ni la localisation, ni la quantité de raisins récoltés, ni la destination des vins qui en sont issus » (l’ODG ne les contrôlant pas). S’opposant historiquement à la mixité AOC/VSIG, le SGV y voyant plus généralement une entorse à la gestion millimétrée du modèle champenois qui fait tant d’envieux dans le reste du vignoble français. Reposant sur un pilotage fin du potentiel de production, la valorisation de la Champagne viticole se sent menacée par « la coexistence de vignes dédiées à l’AOC Champagne et de vignes destinées à la production de VSIG sur un même territoire » comme « elle expose le vignoble champenois à des fraudes potentielles, telles que la revendication abusive de raisins ou de vins en AOC* » ou un risque d’image comme « ces VSIG échappent aux standards exigeants du cahier des charges imposé à l’AOC Champagne et risquent d’affecter la réputation de l’Appellation sur les marchés internationaux ».

Il n’est vin en Champagne que de l’AOC Champagne

Il faut également dire que les autorisations de plantation nouvelles en VSIG sont particulièrement plébiscitées. De 2017 à 2024, des demandes ont été exprimées pour quasiment 200 ha, quand le contingent était de 80 ares sur cette période. De petites surfaces en VSIG par rapport aux 34 300 ha de l’AOC Champagne, mais considérées comme fantômes par le SGV qui craint une source de dépréciation et de banalisation sur les marchés : « un vin VSIG, qui s’inspire des codes de l’AOC Champagne (dont la forme de la bouteille et l’habillage), vendu à un prix inférieur à celui des Champagnes AOC, pourrait accentuer la confusion et donner l’impression que l’on peut trouver du "vin de Champagne" à bas coût ».

Serpent de mer

Le sujet de la nouvelle aire d’appellation Champagne n’est pas récent ! Il date de 1995. En décembre 1995, le Conseil d’Etat avait en effet obligé l’INAO à intégrer la commune de Fontaine-sur-Ay (Marne) dans l’aire d’appellation, ce qui fut fait en 1999. Cette commune n’avait pas souhaité intégrer l’aire d’appellation en 1927, mais estimait avoir un terroir répondant aux critères de l’appellation. Pour ne plus être dans une situation d’insécurité juridique avec des demandes d’autres communes, le SGV a proposé aux vignerons d’ouvrir le chantier de la révision de l’aire lors de son assemblée général d’avril 2003. Une proposition votée avec une large majorité à l’époque, sachant que cette décision « a été prise dans un contexte réglementaire européen où s’appliquait le principe de l’interdiction de plantations nouvelles » indique aujourd’hui le SGV, pointant qu’« entretemps, la politique européenne a profondément évolué » avec la mise en place en 2017 d’« un régime d’autorisations de plantation »

À la suite du travail des experts de la commission d’enquête de l’INAO et suite aux réclamations de plusieurs communes, il est annoncé en 2011 que 45 nouveaux villages figureraient dans la zone de production révisée et que deux villages pourraient en sortir (Germaine et Orbais-l’Abbaye). Débute ensuite le travail de délimitation parcellaire, dont les résultats ne sont pas connus. Et en l’état suspendus, le SGV prenant les devants pour mettre sous pression la Commission européenne et le gouvernement français.

 

* : « En cas de mixité du vignoble, il serait tentant, et difficilement contrôlable, de déclarer et réaliser le rendement maximal en AOC Champagne, lorsque les vignes classées ne produisent pas suffisamment, grâce à des raisins issus de parcelles de VSIG situées sur l’aire de production de l’AOC » explicite le SGV.

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