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Vers la mise à l’amende des vignes en friche à 1 500 € avant la sanction à 150 000 €
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Nouvelle gradation
Vers la mise à l’amende des vignes en friche à 1 500 € avant la sanction à 150 000 €

Les astres parlementaires et gouvernementaux s’alignent sur la mise en place de contraventions dissuasives, sanctionnant plus rapidement et graduellement les propriétaires de parcelles viticoles abandonnées devant des réservoir à maladies. Notamment celle de quarantaine comme la flavescence dorée.
Par Alexandre Abellan Le 15 février 2025
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Vers la mise à l’amende des vignes en friche à 1 500 € avant la sanction à 150 000 €
La stratégie de la peur du gendarme administratif est mobilisée pour enrayer l'abandon de parcelles, mettant sous pression sanitaire les voisins en activité. - crédit photo : Alexandre Abellan (archives)
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ujet de préoccupation dans le vignoble, la gestion de la flavescence dorée et des vignes en friche s’invite dans les débats parlementaires et déclarations gouvernementales. Dernier exemple en date à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement ce mercredi 11 février. « La flavescence dorée est un fléau qui touche désormais la totalité des vignobles de France » pose le député Maxime Michelet (Marne, Union des Droites pour la République), ajoutant que « d’aucuns la qualifient à juste titre de phylloxéra du XXIe siècle » et rapportant qu’en « Champagne des dizaines d’hectares seront arrachés cet hiver afin d’enrayer le développement de la maladie » alors que la pression s’accentue (la détection passant de 900 pieds contaminés en 2023 à 10 000 en 2024). « Au regard de l’urgence et de la gravité de la menace […] vous engagez-vous à ce que l’État mobilise toutes ses forces afin de mener ce combat vital pour l’avenir de nos vignobles ? » lance le député à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard.

Reconnaissant une « situation préoccupante », l’ancienne députée du Doubs (Les Républicains) valide l’évidence : « pour limiter la dissémination de la maladie, il faut procéder à un arrachage et à une destruction systématiques des pieds de vigne contaminés ». Mais concrètement, Annie Genevard reconnait que si « l’État dispose d’un outil pénal qui permet de sanctionner les infractions les plus graves commises par les propriétaires qui ne participent pas aux efforts d’enrayement de la dissémination, malheureusement, ces procédures parviennent rarement à leur terme. » D’où l’idée « d’envisager une réponse contraventionnelle, qui serait plus adaptée et pourrait être davantage dissuasive » relève la ministre, citant une proposition du député Hubert Ott (Haut-Rhin, les Démocrates) et un vote du Sénat (sur la proposition de loi visant à lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur).

Contravention de 5ème classe

Évoquée par le vignoble depuis des années pour simplifier la mise à l’amende des parcelles abandonnées (l’arrachage administratif étant rarissime et l’ouverture de procédures pénales encore balbutiante), la piste d’une contravention des vignes en friche est au cœur d’une proposition de loi portée par le député Hubert Ott. Notant « une multiplication des parcelles de vignes abandonnées [alors que] la crise multifactorielle que subit aujourd’hui la viticulture française contribue à la forte déprise agricole », le député alsacien défend « un dispositif de sanction contraventionnelle pour non‑respect de la stratégie de lutte contre la flavescence dorée ». Plafonnée à 1 500 € (3 000 € en cas de récidive), cette contravention de cinquième classe serait déclenchée à « l’issue d’une mise en demeure restée sans effet d’arracher ces parcelles, leur traitement contre le vecteur de la maladie n’étant plus possible du fait de leur état de friches arbustives » propose ce texte, qui estime cette sanction « adaptée à la grande diversité des situations juridiques rencontrées chez les propriétaires de parcelles de vignes non cultivées (indivision, succession, procédure collective, propriétaire retraité n’ayant plus de fermier, etc.…) » car « elle favoriserait la mise en place d’une gradation de la sanction avant de recourir in fine à la procédure délictuelle prévue par les textes : le non‑respect de la lutte obligatoire contre la flavescence dorée est aujourd’hui passible d’une amende de 150 000 euros en vertu de l’article L. 251‑20 II du code rural » (ainsi que 6 mois de prison).

Ordonnance et sanction pénale

Autre piste ouverte par le gouvernement lors de l’examen au sénat de la proposition de loi pour "lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur" ce 27 janvier : la capacité de gérer par ordonnance « les modalités d’exécution des mesures de prévention, de surveillance et de lutte contre les dangers phytosanitaires ». Soit la capacité de modifier « les leviers mobilisables par les services de l’État à l’encontre des propriétaires ne prenant pas les mesures de lutte contre les organismes nuisibles de quarantaine » explique en séance Annie Genevard, pointant que contre la flavescence dorée « il faut arracher au plus vite les vignes malades et détruire les végétaux infestés. Pour obtenir des résultats, il est fondamental que tous les propriétaires concernés appliquent les bonnes mesures. […] L’ordonnance demandée permettrait d’adapter le dispositif de sanction pénale pour le rendre à la fois plus proportionné et plus opérationnel. »

Amende(ment)s de 5ème classe

Un sujet évoqué de nouveau ce 11 février au Sénat, lors du débat sur le projet de loi pour la souveraineté alimentaire et agricole. Dans un amendement, le sénateur Daniel Laurent (Charente-Maritime, Les Républicains) porte ainsi une proposition identique à celle du député Hubert Ott : la création d’une amende de cinquième classe en cas de vignes à l’abandon. Marquant sa différence, un amendement porté par le sénateur Hervé Gillé (Gironde, Parti Socialiste) propose une amende de cinquième classe si les propriétaires d’un vignoble abandonné ne proposent pas « dans un délai de six mois à compter de la mise en demeure […] un projet de reconversion ou de renaturation de la parcelle concernée (reboisement, zone de biodiversité, reconversion agricole…). » L’idée étant d’« encourager la reconversion et la renaturation des parcelles de vignes abandonnées plutôt que d'appliquer directement des sanctions pénales » défend le sénateur bordelais.

Répondant que le sujet a été traité par les sénateurs le 27 janvier, Annie Genevard estime qu’« une ordonnance permettra d'adapter le dispositif de sanctions pénales pour le rendre plus proportionné et plus opérationnel. Il s'agira notamment d'instaurer des contraventions pour sanctionner la non-réalisation de certaines mesures de lutte, telles que le non-arrachage des vignes contaminées par la flavescence dorée. » Si le sénateur Daniel a retiré son amendement à la suite de cette déclaration, le sénateur Hervé Gillé a maintenu le sien, qui n’a pas été adopté.

La proposition de loi du député Hubert Ott sera examinée par la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale ce mercredi 19 février afin d'être inscrite à l'ordre du jour de la séance publique du jeudi 6 mars, à l'occasion de la journée de niche parlementaire du groupe des Démocrates.

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Tous les commentaires (6)
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augustin Le 18 février 2025 à 09:05:53
la sensibilité des pouvoirs publics à la flavescence dorée est à géométrie variable : hier parfait alibi pour arracher des subsides à Bruxelles, elle devient en ce debut 2025 le fait constitutif d un écart lui même pénalisé par une amende . Toutefois on ne fait pas pleurer les pierres et si aujourd hui on mets à l amende les viticulteurs qui n entretiennent pas leurs vignes ... pourquoi ne pas aussi les taxer lorsque le niveau de leur stock de vin invendu excede deux récoltes ? Etrndons également cette mesure courageuse aux negociants aux sommeliers et aux enseignes de la gd !!!On marche sur la tête bien evidemment , et le système est tellement dans le deni que ses mécanos s acharnernt à supprimer les effets plutôt que de s attaquer aux vraies causes. A Bordeaux notamment, les grands crus s appretent à ranconner impitoyablement le négoce via un 2024 moyen mais cher, achevant ainsi une filière déjà aux abois. La cicadelle a décidément bon dos , et ce n est pas une contrepèterie.
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Ali Le 16 février 2025 à 09:11:20
Les propriétaires qui ne pourront pas payer vendront tout simplement leurs terrains, voilà comment l'enfer est pavé de bonnes intentions ; pour prendre leurs défenses , ce devrait être les exploitants ayant travaillé ces vignes qui devrait prendre en charge, car comme ces parcelles ne valent plus rien ,et que le vin ne se vend plus tout le monde laisse tomber, mais quand le commerce était florissant il y avait de la demande ;c'est aussi de la responsabilité des viticulteurs dont je fais partie car sinon c'est trop facile !! et la gratuité d'arracher n'existe pas, quelqu'un doit toujours payer au bout de la chaîne et effectivement une nature non entretenu amène champignon , résistance et viviers de maladies cette partie est pour les bobos ecolos qui veulent tout renaturer et n'y connaissent rien du tout sur le terrain
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tcr Le 16 février 2025 à 00:48:33
Je crois que certains dirigeants marchent sur la tete Comment obliger la veuve ayant recu son maigre heritage a s occuper des maladies de la vigne Alors qu elle n a pas la formation ni la forme physique Et qui en plus doit continuer a payer les taxes foncieres. Peut etre un arrachage prime de facon raisonnable A savoir 15000 euros qui est le prix d une vigne En moyenne dans le bordelais Sinon Quarantaine Et suicide collectif plus liquidation judiciaire Syndicats reflechissez A une solution plus intelligente
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Dominique Le 15 février 2025 à 21:59:27
Le problème de départ ce n'était pas essentiellement la flavescence. C'était la débandade économique générale dans le vignoble, accentuée par le refus des institutions professionnelles de voir le problème depuis au moins 5 ans. Ce déni a entraîné un retard à l'allumage pour traiter le problème. Faute d'anticipation et de mesures structurelles fortes, le naufrage économique s'est accéléré. Face à cela Marc Fesneau, les interpros viticoles et la FNSEA ont monté de toute pièce un dispositif d'arrachage sanitaire "halte à la flavescence", parce que c'était le plus économique et le plus rapide pour obtenir des financements et faire croire qu'on avait pris le problème en main. Mais on est maintenant dans un tourbillon descendant qui aspire et éjecte un à un tous les acteurs et qui générera encore plus de vignes abandonnées. La flavescence permet donc à un conglomérat d'irresponsables politiques et syndicaux de détourner l'attention et le débat de leur incurie crasse en sanctionnant les victimes de leur propre politique. Mais le type de dirigeants que s'est donné notre profession, de façon assez homogène, a-t-il été sélectionné pour faire autre chose que prolonger les courbes ( surtout ascendantes ) ? Cela devrait interroger collectivement.
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Renaud Le 15 février 2025 à 18:21:22
Évidemment que la gestion des friches est une urgence d'intérêt général mais ne nous trompons pas de cible. Les friches sont le cadeaux empoisonnés des propriétaires. Ils sont les victimes collatérales de la crise. Les campagnes d'arrachages n'étaient pas faites pour eux. Et maintenant ils sont présentés comme des renégats. l'amende doit être l'ultime action en cas de refus d'agir. Il faut auparavant leur proposer des solutions d'arrachage GRATUIT puisqu'ils ont déjà perdu leur capital. Nous en sortirions tous grandis.
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VignerondeRions Le 15 février 2025 à 09:11:21
Aujourd'hui si on s'attèle au problème flavescence les repousses de portes greffes sur les talus, les muret, dans les parcelles non cultivées, etc, est bien plus préoccupant. Personne ne prends conscience en haut lieu que c'est le réservoir incontrôlable de la maladie, puisque non surveillé, non réglementé et surtout non traité. En l'occurrence les 6000 Ha de renaturation en Gironde sont une bombe à retardement, et tout le monde s'en moque (ministère, Draf, etc). Au lieu de prendre le problème à la racine (j'ose), on attends le pourrissement. Quand il y aura le feu, on dépensera encore moult argent public. Pourtant j'ai toujours entendu que "gouverner c'est prévoir".
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