u cœur du fief du tannat, la cave coopérative de Crouseilles sort des schémas classiques du Madiran pour lancer à Wine Paris son ‘Vin le Fleur’, un vin rouge léger « à la robe cerise », explique le directeur de la cave Loïc Dubourdieu. Plus qu’une création, c’est une résurrection d’un vin historique de la cave que l’équipe dirigeante a piloté. « Paradoxalement, nous avons redécouvert que la cave produisait en 1970 un vin ‘de fleur’ léger et fruité, à contre-courant des Madiran classiques qu’ils produisaient. Ils en ont fait jusqu’à presque 8000 hl les meilleures années », conte Loïc Dubourdieu. Cette cuvée a perduré jusqu’à l’aube des années 2000, rebaptisée entre temps vin ‘Le Fleur’ à la demande de fraudes tatillonnes sur l’origine non-florale de ce vin, et disparaître à la faveur d’un retour d’intérêt pour les vins structurés de Madiran.
Plus de 50 ans après, la cave, qui produit 50% des volumes de l’AOC Madiran, entend renouer avec un segment des vins rouges fruités et faciles à boire que le marché appelle « pour aller capter de nouveaux consommateurs et proposer des alternatives de production à nos apporteurs», pose Loïc Dubourdieu. Entre vigueur végétative et contraintes de maturité phénolique, la production de raisins destinés aux meilleures cuvées de la cave « nécessite 350 heures de travail manuel par hectare, nous voulions donc apporter aux vignerons des débouchés moins exigeant dans leur travail au vignoble », enchaîne le directeur de la cave de Crouseilles.
Après un essai sur le millésime 2023 pour caler le processus de production sur des vignes IGP, le millésime 2024 a permis d’affiner l’ensemble et parvenir à un vin rouge à 12,5° qui reprend jusqu’au code visuel du cahier d’écolier de la cuvée originelle. « Avec une maturité phénolique suffisante et une macération courte sans thermovinification, nous avons réussi à aboutir sur ce profil en intégrant un peu de cabernet franc », ajoute Loïc Dubourdieu. Le nouveau vin Le Fleur, en IPG comté Tolosan, est lancé en commercialisation en ce début d’année 2025, dans un objectif de distribution en grande distribution régionale et à l’export, pour un prix de 4,50€.
Les codes de l'orginel 'Vin de Fleur' ont été repris
Alors que le décret d’appellation de Madiran implique une intensité colorante minimale de 12, cette proposition de profil doit également servir de levier pour faire évoluer les critères de production de Madiran. « Nos cuvées de sélection de terroirs sont là pour maintenir un niveau qualitatif élevé de ces vins, mais il nous faudra plus de latitude pour pouvoir proposer des Madiran adaptés aux attentes plus légères et fruités du marché », plante le directeur de la cave de Crouseilles. Un assouplissement pour le millésime 2026 est espéré.