t si Jésus avait le sang clairet ? Habitué aux blagues sur son nom de famille et aux traits d’esprit le reliant aux vins, le vigneron Mathéo Jésus prend les devants avec sa nouvelle cuvée pour le domaine de Bancel (6 hectares à Carnas, dans le Gard). S’il pensait initialement la nommer "sang du Christ", il a opté pour "les noces de Cana", en référence au premier miracle public de Jésus-Christ dans l’évangile de Jean. Ne transformant pas l’eau en vin, mais des grappes entières de grenache et de syrah en clairet 2024 après une macération de 48 heures, Mathéo Jésus affiche une étiquette représentant, entre vitrail et peinture à l’huile, le miracle des noces de Cana (les six jarres remplies d’eau se transformant en vin et convainquant les disciples) avec une composition rappelant la Cène (les 12 apôtres entourant Jésus-Christ partageant le vin).
Produisant 2 000 bouteilles de cette cuvée en IGP Cévennes pour son premier millésime, le vigneron va proposer un prix de vente de 11 € aux consommateurs, qui sont l’une de ses cibles principales, réalisant de nombreuses animations dîner/apéro à domicile dans son Ain natal pour porter la bonne parole des vins du Languedoc.
La vigne de Jésus
Rencontré ce 26 janvier lors du salon des vins AOP Languedoc du Mas de Saporta (à Lattes, Hérault), Mathéo Jésus est originaire du Bugey où il a grandi avec des parents éleveurs laitiers « qui ont toujours subi les cours du marché. Je veux aller au bout du vin plaisir » témoigne-t-il. Avec une production de 20 000 bouteilles/an, « mon modèle n’est pas productif. J’ai de petites surfaces pour travailler la vigne comme un jardin, avoir plus de sens et de valorisation » précise-t-il. Début 2024, il vient ainsi de planter en AOC Languedoc Sommières 2 ha de vignes en gobelet (grenache blanc, grenache noir, mourvèdre, cinsault et bourboulenc) avec des arbres insérés dans les rangs de vigne (dans le but de créer un microclimat).
N’étant pas prophète en son pays, c’est une plantation en agroforesterie qui interroge ses voisins rapporte-t-il. Pourtant, « le gobelet est historique en Languedoc. Ça a un intérêt pour garder la fraîcheur et protéger les raisins [face au changement climatique]. Mais cela a été abandonné avec la mécanisation, l’arrivée des machines à vendanger, des tracteurs de plus en plus larges… Comme les arbres, qui ont disparu des vignes. » Face aux nouvelles donnes de production et de consommation, la quête de l’esprit vin continue.