ans le cadre du projet NV²*, l’entreprise Frayssinet a mis en œuvre différentes modalités de fertilisation pour voir laquelle donnait les baies avec le plus d’azote assimilable (Nass). « Nous avons travaillé dans trois parcelles de sauvignon blanc et une de merlot dans le Gers, le Tarn, et l’Aude, en comparant des blocs témoins recevant une fertilisation au sol de 40 kg/ha d’azote organique avec des blocs traités recevant en plus une fertilisation foliaire d’origine animale à 90 g N/L », décrit Justine Malaterre, ingénieure responsable de l’expérimentation, lors des Entretiens de la vigne et du vin organisés par l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) à Narbonne ce vendredi 13 décembre.
En 2017, pour la modalité "traitée", en plus de la fertilisation au sol, deux applications foliaires de 10 L/ha ont été testées à véraison. « Soit une dose totale de 1,8 kg/ha, calcule Justine Malaterre. Surement insuffisante, car la teneur en Nass des baies de la modalité traitée n’a changé sur aucune des parcelles », résume-t-elle. Frayssinet a donc revu son protocole d’essai. « De 2018 à 2020, nous avons doublé la dose pour atteindre 40 L/ha, soit 3,6 kg/ha d’azote, en réalisant des fertilisations foliaires fractionnées, avec deux applications à 5 L/ha et trois applications à 10 L/ha, à partir du stade 5 feuilles étalées et tous les 15 jours jusqu’à la fermeture de la grappe ».
La démarche a payé. « La vigne a commencé à bien répondre en 2018 et 2019 avec un gain moyen de +5% d’azote assimilable dans les baies par rapport aux témoins ». En 2020, l’augmentation a atteint +39 %. Ces essais ont confirmé les effets "dose" et "fractionnement" de la fertilisation foliaire, sans réussir à gommer les effets "parcelle" et "cépage". « Le gain en Nass a été beaucoup plus élevé sur les trois parcelles de sauvignon que sur celle de merlot, qui était de base carentielle, avec des teneurs de Nass avoisinant les 80 mg/L nécessitant d’aller travailler sur la fertilité de base pour augmenter la résilience de la vigne », explique Justine Malaterre, notant pour terminer que la fertilisation foliaire n’a pas modifié les proportions d’azote ammoniacal et d’azote aminé dans les baies.
* : Le projet NV² (pour Azote Vigne Vin) a été porté par l'entreprise ITK de 2017 à 2021, en partenariat avec Frayssinet, Lallemand et Nyséos grâce à un Fonds unique interministériel (FUI). Il visait à aider les vignerons à maîtriser la gestion de l'azote en fonction du profil du vin visé, depuis la fertilisation de la vigne jusqu'au choix des levures et compléments azotés lors de la fermentation.