Ce n’est pas parce qu’il y a une crise qu’il faut perdre l’agronomie de vue. » C’est en ces termes qu’André Faugère, président de l’Adar des Deux Rives (1), a introduit la journée sur l’épandage à la coopérative de Romagne-Grangeneuve, en Gironde, le 15 février. Car l’agronomie revient sur le devant de la scène à la faveur du développement de la fertilisation localisée et différenciée selon la vigueur.
Ce jour-là, c’est la dernière version d’épandeur Twinbox de Thiérart double caisse de deux fois 1,3 m3 qui retient notre attention. Montée sur porteur Pellenc, cette machine dispose soit de canalisations pour localiser l’engrais, soit de plateaux pour un épandage en plein. Désormais, elle voit son électronique améliorée avec l’arrivée de la pesée dynamique et d’un GPS pour moduler les apports.
« La gestion de la modulation est accessible depuis un écran Pellenc, décrit Sylvain Privé, inspecteur commercial Thiérart-Franquet. À l’issue des vendanges, l’application Pellenc Connect établit une carte du rendement grâce à la pesée dynamique pendant la vendange. Partant de là, une carte de la vigueur intraparcellaire est créée qui sert ensuite à moduler l’épandage. »
Comment ? « Pour le moment, c’est au client ou au prestataire de définir des zones au sein des cartes de vigueur, avec les apports de fertilisants correspondants. Ensuite, il faut renseigner sur l’écran de l’épandeur les caractéristiques de l’engrais, comme sa densité, et la dose à appliquer selon la zone », ajoute Sylvain Privé. Grâce à la pesée, on sait à tout moment la quantité restant dans les trémies. À signaler : « cette nouvelle distribution permet aussi de faire de la coupure automatique de section droite ou gauche. On gère automatiquement les pointes, en plus de la dose ».
Deux écrans figurent en cabine du porteur, l’IHM, le principal, et celui lié à l’outil, ici l’épandeur. Issu d’un partenariat, ce dernier est aussi un écran Pellenc. « Mais un développement est en cours pour tout gérer depuis l’IHM », précise David Jezewski, commercial chez Pellenc Bordeaux-Charentes.
Quelques semaines plus tôt, au Sitevi, Kuhn dévoilait son distributeur d’engrais minéraux centrifuge MDS.2 W régulant aussi automatiquement la dose. Derrière ce nom un peu barbare se nichent 4 modèles portés à l’arrière d’un tracteur interligne, avec des trémies allant de 500 à 2000 L. Chacun épand l’engrais sur 10 à 24 m de large grâce à des disques. « La machine vous indique en temps réel ce qu’elle épand, car les trémies reposent sur deux pesons qui mesurent le poids restant d’engrais à la fréquence de 100 Hz », indiquait l’exposant. La dose d’engrais est ajustée toutes les deux secondes pour garantir la bonne répartition, dès les premiers mètres.
Mais la précision ne s’arrête pas là. Kuhn propose une localisation des apports grâce à deux déflecteurs en inox amovibles et réglables sans outil. « L’épandage se fait sur deux bandes pour ne fertiliser que le rang, pour des plantations débutant à 1,50 m de large. »
Coup double aussi pour Pérard. Ce fabricant, qui propose déjà la modulation intraparcellaire, vient d’inventer une localisation inédite. « Nous avons répondu au cahier des charges d’un grand château du Médoc qui voulait un épandage au sol, depuis un enjambeur trois rangs, pour ne pas disperser d’engrais sur les ceps, indique Paul Buisan, commercial chez Pérard. Nous sommes partis de notre épandeur CV 33 à deux hérissons doubles spires verticaux. Nous l’avons équipé d’une hotte spéciale à l’arrière pour retenir le compost expulsé par les hérissons et le faire tomber dans des goulottes qui le distribuent sur trois interrangs à un débit d’environ 5 t/ha. »
Retour à Romagne-Grangeneuve, ce 15 février, où Magendie présente son épandeur porté interligne Vigneron 2C qui localise l’apport de fertilisant sous le rang. « Ce fertiliseur enfouit l’engrais à une profondeur de 10 à 15 cm et à une distance de 30 à 40 cm des ceps, décrit Michel Matharan, responsable commercial du constructeur. À l’avant, un disque crénelé tranche la terre à une profondeur réglable. Puis un coutre renforcé en carbure dépose l’engrais et une roue referme le sillon tout en stabilisant la machine. Toute la distribution est mécanique et le débit se règle entre 100 kg/ha et 3 t/ha. » Ici pas de carte de vigueur. Cet enfouisseur de 360 kg à vide est vendu 6 370 € HT. Le Vigneron 2C existe en quatre versions dans des largeurs hors tout de 1 à 2 m, cette dernière version disposant d’une trémie de 950 l.
Malgré les difficultés de la viticulture, lors de cette journée, les fabricants et prestataires de travaux ont affirmé que l’activité d’épandage reste correcte et que la modulation est demandée par les clients. Avec la localisation, c’est le maître-mot de la fertilisation en vigne cette année.
(1) Antenne-Association de développement agricole et rural (Adar)
Les outils sont les mêmes, mais depuis l’été 2023, ils ont changé de couleur et de nom. Le constructeur français Burel a supprimé sa marque Sulky pour passer toutes ses fabrications sous la marque Sky. L’Epandor S 25, son modèle pour la vigne, n’y échappe pas. Cette machine traînée dispose de localisateurs réglables pour déposer l’engrais sur deux rangs ou un interrang. Elle offre jusqu’à 2,5 t de charge utile pour une largeur hors tout de 1,40 m. De son côté, le fabricant catalan Gardell complète son offre avec un modèle de 3 000 litres de 1,40 m de large en plus du 1 800 l. Sur ce nouvel épandeur à deux disques, deux déflecteurs permettent de régler l’angle d’éjection des fertilisants pour épandre en plein ou au milieu du rang. Le tarif minimum est de 11 650 € HT.