asard du calendrier, la cellule de crise viticole de la préfecture de Gironde se tenait ce vendredi 6 décembre deux ans jour pour jour après la manifestation réunissant 1 500 vignerons bordelais réclamant une aide à l’arrachage. « Jour pour jour et presque heure par heure » note Didier Cousiney, le porte-parole du collectif Viti 33, à l’origine de la manifestation de 2022. Ayant débouché sur la création de cette cellule de crise, « devenue une simple réunion d’information » regrette le maire du Pian-sur-Garonne, la mobilisation bordelaise n’a répondu que très partiellement aux demandes note le vigneron en fin de carrière, pour qui à Bordeaux « aujourd’hui tous les voyants sont au rouge. Les gens n’arrivent pas rembourser leur dette actuelle, cela m’étonnerait que les mettre en redressement judiciaire leur permette de payer sur 15 ans leur dette tout en réglant comptant leurs factures actuelles » prévient-il.
Alors que « des parents ont cassé leurs livrets pour aider leurs enfants et que des amis de vignerons se sont cotisés pour payer leurs traitements », Didier Cousiney regrette « les millions d’euros » versés « pour rien » pour la distillation (nationalement 250 millions € lors de la crise covid en 2020 et 200 millions € après la guerre en Ukraine en 2023) pour arriver à des primes d’arrachage loin des 10 000 €/ha demandés en 2022 (6 000 €/ha pour le plan bordelais d’arrachage sanitaire et 4 000 €/ha pour le plan national d’arrachage définitif). « Avec ces sommes, il ne reste rien après l’arrachage » regrette le porte-parole, pour qui « seule une année blanche en 2025 peut sauver la viticulture. Il nous faut l’année blanche sur tout le fiscal (Taxe sur le Foncier Non Bâti, TVA, impôts…), le social (la MSA qui demande même si l’on peut payer d’avance maintenant) et le bancaire (les emprunts en fin de tableau et la révision du Prêt Garanti par l’État, PGE, qui fait crever tout le monde). On ne demande pas à recevoir des aides et de l’argent, mais à pouvoir souffler en ne payant pas de suite. Sinon, ça sera la disparition du vignoble. »


Notant que l’absence actuelle de gouvernement de plein exercice n’aide pas, Didier Cousiney précise qu’il ne réclame pas un effacement de ces créances suspendues une année : « si l’on demande que ça soit gratuit, la France entière va nous tirer dessus à boulets rouges. Qu’on nous stoppe un an les prélèvements et on les paiera après en les étalant pour ceux qui seront sauvés. » L’objectif étant de gagner un an pour renforcer les entreprises et relancer les marchés sur des cours rémunérateurs. Une réunion a justement lieu ce mardi 10 décembre à l’interprofession de Bordeaux avec la grande distribution pour parler valorisation des vins.