e la parole aux actes.
Crédit vidéo: Coordination Rurale
Au péage du Boulou, une centaine de membres, essentiellement viticulteurs, des Coordination Rurale 11, 66 et 34 ont décidé de poursuivre le blocus du péage de l’autoroute A9 démarré à la mi-journée du 19 novembre. Comme ils l’avaient annoncé par communiqué en fin de semaine dernière, les membres de la CR ont décidé de « faire monter d’un cran la colère en bloquant tout le fret pour une durée indéterminée au niveau des frontières, et des bases logistiques de la grande distribution ».
Postés au péage dans le sens Espagne-France, les syndicalistes bloquent donc tous les poids lourds en provenance d’Espagne, vidant même sur la chaussée le contenu de deux citernes de vins blancs d'Espagne à destination de la Côte d’Or. « Ce sont des vins à 30 €/hl destinés à une maison qui ne produit exclusivement que des crémants de Bourgogne, nous avons de fortes suspicions ! », pointe Arnaud Poitrine, secrétaire générale de la Coordination Rurale de l’Hérault, viticulteur à Cabrières, et resté cette nuit sur le barrage filtrant où seules les voitures sont autorisées à poursuivre leur route. « On nous indique déjà 40 km de bouchons avec stockage des camions sur l’autoroute, même dans l’autre sens, les autorités espagnoles font sortir tout le monde à La Jonquera pour pouvoir stocker les camions sur l’autoroute », reprend Arnaud Poitrine. Aux côtés des membres des CR 66, 11 et 34, le président de la Chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne Serge Bousquet-Cassagne est également venu soutenir ses homologues.


« Nous attendons que le préfet vienne nous voir sur place », résume Arnaud Poitrine. D’autres membres du syndicat, notamment en provenance des Bouches-du-Rhône vont venir relayer ce mercredi ceux qui ont déjà passé toute la nuit sur place. « Les copains viennent avec les coffres pleins, des commerçants du coin nous soutiennent, et quelques chauffeurs de poids lourds sont venus partager des produits maraîchers de leur cargaison avec nous », enchaîne le responsable syndical.
CR - Des chauffeurs espagnols partagent le petit déjeuner et les bonnets du syndicat agricole
Pointant la nécessité « de parvenir à des prix décents, en particulier 20 % d’augmentation sur nos vins, soit 20 centimes par bouteille », les syndicalistes ont été particulièrement remontés par les propos de la ministre Annie Genevard qui a déclaré mercredi matin sur France 2 que « bloquer durablement le pays n’est pas acceptable ». Alors que quelques routiers espagnols bloqués sont venus partager un petit déjeuner avec les membres de la Coordination Rurale, Arnaud Poitrine prévient que « la ministre met de l'huile sur le feu en indiquant qu’on cherche de la considération à travers ces actions, alors que nous n’attendons qu’une chose : des prix ! Les dernières négociations avec les metteurs en marché de négoce et grande distribution nous présentent des baisses de 7% sur les prix des vins, demandant même à ce qu’on vienne mettre en rayons, c’est ça qui est inacceptable, pas notre blocage ! ». Des actions vis-à-vis des centrales de grande distribution sont d’ailleurs au programme dans d’autres zones géographiques, et probablement dans les jours à venir par les viticulteurs en ex-Languedoc-Roussillon.