grand renfort de pneus, les vignerons syndicalistes de la Coordination Rurale de l’Hérault (CR 34) se sont rendus sur le site de l’usine de conditionnement du négoce Trilles, à Maureilhan, pour bloquer le portail de ce site filiale de SudVin (filiale vin en vrac du groupe InVivo, après réorganisation de Cordier) dans la nuit du mardi 12 au mercredi 13 novembre. Ce mercredi matin, le barrage de pneus est encore en place mais sans participant indique la CR34.
Sous l’œil de quelques gendarmes présents, des tas de pneus ont été amassés par près de 80 viticulteurs (et agriculteurs en soutien) devant le portail du site de conditionnement « en dénonciation du Mercosur, mais aussi pour le fait que malgré les nombreuses actions engagées cette année, on n’obtient toujours rien et on nous prend pour des jambons », dénonce Arnaud Poitrine, secrétaire général de la CR 34. Celui-ci indique que des déçus du manque d’action d’autres syndicats étaient également sur les lieux hier.


Après ce « coup de semonce », de nouvelles actions sont à prévoir dès la semaine prochaine pour le syndicat aux couleurs jaunes, « car le délai sera alors expiré et nous passerons à l’échelle supérieure au niveau national, avec blocage des frontières, des centrales de la grande distribution, qui nous étrangle en permanence, car nous voulons juste vivre de notre métier », reprend le vigneron également vice-président de la coopérative L’Estabel à Cabrières.
Le syndicat justifie le choix du site de Trilles pour son approvisionnement en citernes de vins étrangers, « nous les surveillons et les avions déjà épinglés par le passé avec des citernes à moins de 50 €/hl, une concurrence déloyale avec nos coûts de production ! », reprend Arnaud Poitrine. Pour le leader syndical, le négoce doit prendre conscience que « si la production disparaît, eux vont disparaître aussi », et demande à être reçu par les négociants en vin pour exprimer les revendications du syndicat sur les niveaux de prix pratiqués.
A l’approche des élections aux Chambres d’Agriculture en janvier prochain, Arnaud Poitrine rappelle que la Coordination Rurale « en a marre d’être systématiquement évincée des réunions où les choses se décident, avec un prétendu syndicat majoritaire qui dirige tout ce qui touche à notre agriculture », tout en expliquant que « les choses évoluent auprès de certains élus comme Robert Ménard [le maire de Béziers], qui va nous recevoir prochainement ». La CR 34 explique que son nombre d’adhérents a été multiplié par 8 depuis les actions de l’an dernier. Les députés départementaux sont également avertis qu'ils pourraient être ciblés comme le site de Trilles « car le préfet nous a indiqué que le sujet de la TFNB est exclusivement parlementaire, les députés doivent donc nous recevoir également pour nous écouter et soutenir nos demandes », plante Arnaud Poitrine.