ue les vignerons se rassurent. Pour Pierre Bories, nouveau président du Conseil interprofessionnel des vins du Languedoc (CIVL), arrivé à la viticulture après 25 ans dans la finance, la situation économique est loin d'être catastrophique. Présentant les axes stratégiques de son mandat à la presse au caveau Beauvignac de Mèze, ce 22 octobre, le vigneron-négociant des Corbières estime même que malgré le changement climatique, travaillé par la commission technique d'Intersud, le « vignoble languedocien a de l'avenir » et voit déjà dans la vendange 2024 des opportunités pour les AOP et IGP du CIVL d'aller gagner des parts de marché. « Avec 13 % de baisse par rapport à 2023, nous nous en sortons bien mieux que beaucoup de régions. Nous avons un avantage concurrentiel avec du volume et de la qualité », martèle-t-il.
En France, Pierre Bories encourage les entreprises à aller renégocier avec la grande distribution. Surtout, « pour arrêter d'essayer de vendre toujours plus de vin moins cher », il travaille depuis son élection en juin sur un stratégie de conquête commerciale agressive à l'export*. Le Languedoc-Roussillon produisant 9,6 millions d'hectolitres de vin, soit 4 % de la production mondiale, autant que l'Australie, l'Afrique du Sud, l'Argentine ou l'Allemagne, le président de l'interprofession a calculé qu'il devait viser les 3,9 millions d'hectolitres exportés, contre 2,6 millions aujourd'hui, pour atteindre 4 % de toutes les importations de vin dans le monde.
« Nous sommes très bien positionnés sur les marchés à prix, comme l'Allemagne ou les Pays-Bas, où nous exportons 334 000 hectolitres, deux fois plus que notre part de marché relative à 178 000 hectolitres, mais nous devons partir à la conquête des marchés à valeur, comme les Etats-Unis, où nous envoyons seulement 194 000 hectolitres alors que notre potentiel est de 491 000 hl », détaille Pierre Bories. Conscient que toutes les exploitations ne sont pas structurées pour partir à la conquête du marché américain, le président cible aussi des pays moins lointains comme la Suisse ou l'Angleterre.
A la fin du premier trimestre 2025, Pierre Bories se donne l'objectif d'avoir réuni les analyses de marché et de concurrence de toutes les AOP et IGP languedociennes et de mettre à disposition de tous les vignobles adhérents au CIVL une stratégie personnalisée de prise de marché sur 3 ans. D'ici là, il laisse encore la porte grande ouvertes aux vignerons des Corbières, de Fitou et du Minervois. Pour la suite de son mandat, Pierre Bories espère également pouvoir davantage collaborer avec l'interprofession des vins du Roussillon (CIVR) et celle des vins Pays d'Oc (InterOc).
* : Il précise être moins convaincu par la mise en place d'Egalim dans la filière vin.